Les responsables du festival d'Avignon ont réitéré leur appel à faire barrage à l'extrême droite lors d'une conférence de presse lundi dans la Cour d'honneur du Palais des papes, l'ouverture du festival et le premier tour des législatives se tenant le week-end prochain.
Le festival d'Avignon ouvre ses portes ce samedi 29 juin, la veille des élections. Le Off, lui, débutera le 3 juillet. À l'appel de l'intersyndicale de la branche culture, une manifestation contre l'extrême droite aura lieu samedi à Avignon, en marge de l'ouverture du festival, à la veille du premier tour des élections législatives.
"Un festival démocratique, populaire, républicain, écologiste, féministe, antiraciste"
"Il y a deux façons qui nous sont disponibles pour défendre la démocratie pendant les prochains jours : une, c'est évidemment participer aux élections, l'autre, c'est de remplir" les places du festival d'Avignon, a assuré son directeur, le Portugais Tiago Rodrigues. Fils d'un journaliste forcé de quitter son pays dans les années 1960 "pour échapper à la persécution de la dictature fasciste" de Salazar à l'époque, il a tenu à rappeler que les valeurs du festival d'Avignon étaient celles "d'un festival démocratique, populaire, républicain, écologiste, féministe, antiraciste", ce qui l'amène à porter cet appel contre l'extrême droite, comme il l'avait déjà fait ce vendredi 21 juin.
Le directeur du Festival d'Avignon, avait appelé à "faire barrage à l'extrême droite" lors des législatives et a assuré coopérer avec la ville pour "garantir la bonne réalisation" du scrutin, dont les deux tours, les 30 juin et 7 juillet, ont lieu pendant le festival.
"Je prends ma part de responsabilité, en tant que directeur du Festival d'Avignon, en incitant tout le monde à voter et à défendre le champ démocratique lors des prochaines élections", avait-il déclaré à l'AFP. "Être à la hauteur de notre responsabilité et de nos valeurs, c'est faire barrage à l'extrême droite, et voter dans le champ démocratique, en suivant sa conscience", a-t-il ajouté. Tiago Rodrigues, qui a précisé que lui, étant Portugais, ne prend pas part au vote.
Le metteur en scène a assuré être "en coopération avec la mairie, la préfecture, pour garantir que la bonne réalisation du festival est complètement compatible avec la bonne réalisation des élections et le maximum de participation".
Selon lui, le festival, "dans le contexte perturbé de la politique française" après la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron, "est plus nécessaire que jamais".
"Plus que jamais, montrons que nous avons besoin de cette culture"
"Dans un moment où on voit une société très polarisée, où les discours sont très simplifiés, le festival d'Avignon peut contribuer à garder la diversité des discours, la capacité de débat et la richesse fertile du dissensus démocratique". Ce, "en proposant une expérience collective au public qui fait cohésion sociale et permet un dialogue avec les différents points de vue sur le théâtre et sur le monde".
"Plus que jamais, montrons que nous avons besoin de cette culture qui est notre plus grande richesse (...), qui nous permet d'aborder la complexité du monde et la diversité", a martelé la présidente du conseil d'administration du festival, Françoise Nyssen. Pour M. Rodrigues, ces élections et la potentielle arrivée de l'extrême droite au pouvoir ont aussi pour enjeu la remise en question "d'un régime d'intermittence qui inspire des artistes et des techniciens de toute l'Europe et de tout le monde", régime sans lequel "il n'est juste pas possible de mettre en place" le festival d'Avignon.
"Il ne me semble pas avoir entendu beaucoup de paroles de défense de l'intermittence de la part du Rassemblement national, voire avoir bien entendu le contraire", a renchéri l'un des deux co-présidents du festival off, Laurent Domingos. Le Festival In démarre samedi et se tiendra jusqu'au 21 juillet.