Quatre véhicules de police ont été incendiés devant le commissariat de Cavaillon (Vaucluse), dans la nuit du mardi 8 au mercredi 9 octobre. Pour les syndicats, il s'agit de représailles, suite au travail quotidien des policiers qui "dérange le trafic de stupéfiants". Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, a annoncé l'envoi des CRS sur place.
Dans la nuit du 8 au 9 octobre, quatre véhicules de police ont été incendiés devant le commissariat de Cavaillon (Vaucluse). Les fumées ont impacté deux logements avoisinant le commissariat, qui ont été évacués. Pour Claude Simonetti, SGP unité police Cavaillon, aucun doute possible, il s’agit d’un acte de représailles. “Je vais être clair, cela est arrivé parce que les collègues travaillent, qu’ils sont au quotidien au contact du trafic de stupéfiants, font des saisies et embêtent le trafic”, martèle-t-il. Il explique que leur travail “dérange”.
Sur les images postées sur X (ex-Twitter) et visibles ci-dessous, les véhicules incendiés au petit matin :
Alerte Info:
— Rudy Manna (@RudyManna2) October 9, 2024
4 VL de police incendiés cette nuit devant le commissariat de Cavaillon en représailles à plusieurs opérations Place Nette.
La France 2024
La France qui brûle
La France sans autorité
La France sans sanction
Soutien aux collègues de Cavaillon@alliancepolice pic.twitter.com/3jK7o4rc4w
Selon le parquet d'Avignon, une enquête est en cours du chef de destruction, détérioration ou dégradation du bien par moyen dangereux pour les personnes, commise en raison de la qualité de la personne dépositaire de l’autorité publique de son propriétaire ou utilisateur. Le montant du préjudice est en cours d’évaluation. La peine encourue est de 20 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende.
Plus prudente, lors d'une conférence de presse tenue ce mercredi après-midi devant le commissariat de Cavaillon, la procureure d'Avignon a indiqué "qu'aucune piste n'est exclue ou privilégiée". La magistrate a également indiqué qu'il n'y avait "pas encore d'interpellation" dans cette affaire.
"Notre travail dérange le trafic de stupéfiants"
Ces faits interviennent un mois après la création d’une nouvelle équipe de police spécialisée et sur place. Depuis l'installation de la nouvelle brigade anticriminalité (BAC) de Cavaillon déployée en renfort de la CRS 81 à la mi-septembre, les coups de filet se multiplient contre les trafiquants locaux. Depuis quelque temps, une forte quantité de stupéfiants et de munitions d’arme est saisie.
Le 2 octobre dernier, la police nationale de Vaucluse annonçait avoir interpellé 15 personnes dans la cité du Docteur Ayme, à Cavaillon, et avoir saisi plusieurs kilos de drogues. 3 kg de cocaïne, 2 de résine de cannabis, 530 g d’herbe. Deux chargeurs de 9 mm et 17 000 euros ont également été trouvés. “Ce ne sont pas le résultat d’opérations 'Place nette', mais bien le travail des agents qui interviennent au quotidien", qu'il tient à féliciter : "Ils font chaque jour un travail pas facile, dans des conditions compliquées, et malgré cela, ils y arrivent.” Claude Simonetti espère que ces intimidations se limitent à des dégradations matérielles : “On n’est pas de la chair à canon.”
"Une violence devenue ordinaire"
Pour Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, cette attaque est "une nouvelle illustration de la dérive à laquelle notre pays est confronté." Il salue également le "courage de nos forces de l'ordre confrontées à une violence devenue ordinaire".
L’État ne se laissera pas intimider et nous allons intensifier notre lutte contre le narco-banditisme.
Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur
"Je placerai la lutte contre le crime organisé au centre de mes préoccupations parce qu’il constitue une attaque contre nos institutions", a-t-il déclaré, avant d'ajouter que, dès ce 9 octobre au soir, la CRS 81 sera envoyée à Cavaillon, ainsi que le ministre délégué de Bruno Retailleau.
La cité Docteur Ayme de 2 500 habitants est devenue un des plus gros points de vente de drogue de Provence-Alpes-Cote-d’Azur, notamment pour sa position stratégique entre Avignon et Carpentras. Depuis 2021, la cité du Docteur Ayme a connu une recrudescence des fusillades et coups de feu, comme ce jour où plus de 230 enfants ont dû être confinés dans leur école, suscitant la colère des habitants.