Photo "Piss Christ" vandalisée à Avignon : prison avec sursis et amende requises

De la prison avec sursis et une amende ont été requises lundi à l'encontre de deux hommes accusés d'avoir vandalisé deux oeuvres de l'artiste américain Andres Serrano à la Fondation Lambert d'Avignon, en avril 2011 à Avignon. Le tribunal rendra sa décision le 15 mai.

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Le procureur de la République d'Avignon, Philippe Guémas a requis lundi une peine de quatre mois de prison avec sursis et une autre de 4.800 euros d'amende à l'encontre de Benjamin Michelet et Colin Colinge, accusés d'avoir dégradé, en avril 2011 à Avignon, deux oeuvres de l'artiste américain Andres Serrano qu'ils jugeaient blasphématoires.

"Pour cette action commando, on a prononcé le mot de blasphème. Quand on parle de blasphème, on rentre dans le monde de l'intolérance, de l'intégrisme",

a-t-il dénoncé devant le tribunal correctionnel d'Avignon. 

Colin Colinge a déjà été condamné pour violences, contestation de l'existence de crime contre l'humanité et incitation et provocation à la haine raciale. Après avoir nié les faits durant l'enquête, il a avoué à la barre avoir donné les coups de marteau qui ont dégradé deux oeuvres de l'artiste américain Andres Serrano, le cliché "Immersion Piss Christ" et une photo sous-titrée "Soeur Jeanne Myriam", exposées à la collection d'art contemporain Yvon Lambert, à Avignon, le 17 avril 2011.

Des "chrétiens indignés"

Les deux hommes âgés de 29 ans se sont présentés comme d'anciens sympathisants du Renouveau français venus à Avignon pour participer la veille à une manifestation qui avait réuni quelque 800 personnes à l'appel de mouvements catholiques pour protester contre l'exposition.

"Qui a provoqué le trouble initial à l'ordre public? Le vrai trouble à l'ordre public c'est le +Piss Christ+ lui-même", a estimé Me Jérôme Triomphe, le conseil de M. Michelet, décrivant les prévenus comme "des chrétiens indignés" et plaidant la relaxe pour son client.

"Ce n'est pas une oeuvre, ce n'est pas un tableau, c'est un concept et un concept provocant",

a renchéri Me Jacques Tremollet de Villers, l'avocat de M. Colinge qui a également plaidé la relaxe.

 "Ces deux oeuvres sont irrémédiablement dégradées", a de son côté déploré Me Agnès Tricoire, le conseil des trois parties civiles, Yvon Lambert, la collection Lambertet Andres Serrano.

L'avocate, qui a souligné qu'il fallait "une force extraordinaire pour arriver à une telle dégradation", a réclamé 20.000 euros au titre du préjudice matériel pour la collection Lambert ainsi que pour l'artiste.Le tribunal rendra sa décision le 15 mai.


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