POLEMIQUE. La conférence musulmane à Avignon n'aura finalement pas lieu, on vous explique pourquoi

Une conférence musulmane devait se tenir à Montfavet, dans le Vaucluse, dimanche 27 novembre. La préfecture a demandé l'annulation de l'événement. La raison : la présence du logo d'une association dissoute sur l'affiche.

Tout est parti de l'affiche initiale annonçant la fameuse conférence. Publiée sur les réseaux sociaux le 3 novembre dernier, l'affiche présentait la liste des invités principaux, les informations pratiques concernant la conférence… et tout en bas, un fin bandeau présentant plusieurs logos d'associations.

L'un d'eux représente BarakaCity, association dissoute par décret en Conseil des ministres le 28 octobre 2020 suite à l'assassinat de Samuel Paty.

Quelques jours plus tard, le militant d'extrême droite Damien Rieu, co-fondateur du mouvement Génération identitaire, partage l'affiche sur Twitter avec ce message : "Malgré sa dissolution, Baraka City organise un grand meeting islamique à Avignon."

La publication est massivement relayée sur Twitter. 1.117 partages, 1.437 "likes". Le lendemain, le 10 novembre, la préfecture du Vaucluse publie un communiqué dans lequel la préfète Violaine Démaret demande l'annulation de l'événement compte tenu "des troubles que cet événement est susceptible de provoquer".

"Les organisateurs se prévalent du soutien de l’association BarakaCity, dissoute par décret en Conseil des ministres, le 28 octobre 2020, car propageant des idées haineuses, discriminatoires et violentes", est-il écrit dans le communiqué. 

En cas de refus de la part des organisateurs, l'association D'Clic Valence, la préfète indique qu'une "interdiction administrative" serait instruite. 

"Une erreur de notre graphiste"

En réponse à ce communiqué, le 11 novembre, l'association explique que la présence du logo sur l'affiche est "une erreur" de la part de leur graphiste "qui n'a pas mis à jour cette dernière en reprenant une ancienne affiche du temps où l’ONG était encore en activité".

Sur ses réseaux, D'Clic indique que l'événement est maintenu, et que l'affiche a été mise à jour, tous les logos ayant été supprimés. 

Le président de l'association, qui préfère garder l'anonymat, indique que la préfecture n'a pas cherché à contacter l'équipe organisatrice avant de prendre une décision.

"Le mal est fait"

Quelques jours plus tard, Violaine Démaret est invitée au micro de France Bleu et réaffirme sa position. "Le mal est fait. Je maintiens ma position. Je n'irai pas mener une enquête pour vérifier si oui ou non c'est une erreur d'infographiste".

Pour la préfecture, le retrait du logo litigieux "ne change pas la situation". "Dès lors que ce logo a été bien visible et identifié, qu'il se réfère à une association qui a fait l'objet d'une dissolution pour incitation à la haine dans le cadre de l'assassinat d'un professeur, le trouble est de fait créé, d'où le maintien du souhait d'annulation formulé par la préfète de Vaucluse".

La conférence finalement annulée

Lundi 20 novembre, une semaine avant la conférence, l'association D'clic annonce sur Facebook que celle-ci n'aura pas lieu, "suite à une pression des pouvoirs publics". 

"Nous avons vu toutes les salles qui devaient nous accueillir sur Avignon annuler leur location.(...) Dorénavant nous savons qu'un tweet du RN sur Avignon suffit à emporter toute l'administration."

La conférence est "reportée à une date ultérieure", indique D'Clic. "On a toujours fait des événements, à Lyon, Saint-Etienne, Valence, Marseille, Grenoble... ça s'est toujours bien passé", assure le président de l'association.

Selon les organisateurs, la préfecture aurait "mis la pression à divers établissements de location de salles pour ne pas [leur] louer leurs établissements". 

Le président de l'association indique qu'un des gérants aurait été "convoqué au commissariat", "toute une après-midi."

La préfecture dément ces allégations. "Les contacts pris entre les services de sécurité et les gestionnaires de salles ont consisté à rappeler la position publique de la préfète, à savoir la mise en œuvre d’une interdiction administrative en cas d’organisation de cette manifestation".

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