Le melon de Cavaillon devrait obtenir courant 2020 le label IGP, Indication géographique protégée. Une étiquette importante pour la reconnaissance de sa qualité et la valorisation du travail des melonniers du Sud-Est.
Sucrés et bien juteux, les premiers melons de Cavaillon de 2020 ont été récoltés dans le Vaucluse, cultivés sous serre. Très apprécié des consommateurs, ce melon de type charentais jaune cherche a obtenir son IGP depuis plusieurs années.
"Melon de Cavaillon" est aujourd'hui une marque que tout le monde connaît. Elle appartient au MIN de Cavaillon (Marché d’Intérêt National, marché de gros, ndlr) et est exploitée par le syndicat des maîtres melonniers de Cavaillon.
Un cahier des charges très précis
Cette marque regroupe les producteurs de cette filière d'excellence qui s'accordent sur un cahier des charges précis."Ces melons sont sélectionnés en début d’année en fonction de leur taux de sucre, des parcelles sélectionnées, de leur qualité extérieure, de leurs qualités gustatives.", explique Léa Gerin, fille de producteurs en charge de la mise en marché et de la qualité.
Le taux de sucre, qui se mesure en degrés Brix, est l'indicateur principal : il ne doit pas être inférieur à 11 degrés Brix et en moyenne sur le lot, supérieur à 13 degrés Brix.
Chez Thomas Bolusset par exemple, producteur de melons de Cavaillon, le taux de sucre des récoltes précoces sous serre cette année est de 14,5 degrés Brix. Un très bon cru.
Aussi, le melon de Cavaillon recoupe une très longue liste de variétés différentes. Le syndicat doit valider tous les ans les variétés sélectionnées pour le melon de Cavaillon.
IGP, un label de qualité pour valider un savoir-faire
Si la marque est déjà un gage de qualité, le syndicat a souhaité aller plus loin en déposant il y a un an et demi un dossier pour l'obtention d'une IGP."L'IGP va protéger le nom, harmoniser le travail entre les différents producteurs, valider la qualité des melons auprès des consommateurs", explique Jérôme Jausseran, président du syndicat des maîtres melonniers de Cavaillon.
Cela assurera également une meilleure rémunération pour les agriculteurs français, dans un contexte de crise économique.
"Il y a un travail de sélection des plus beaux lots qui partent dans les rayons, cela a donc un prix un peu plus élevé qui permet au producteur d'être mieux rémunéré", explique Léa Gérin dont la famille cultive le melon depuis 1895.
L'IGP permet d'avoir du melon français revalorisé.
L'IGP va valoriser un produit de qualité "prémium" français, et permettre de gagner en crédit auprès du consommateur soucieux de manger local.
Le Sud-Est est la première région de France à récolter ses melons. Sur le même créneau, il y a l'Espagne. "L'IGP permet d'avoir du melon français revalorisé", continue Léa Gérin.
Le nom de "melon de Cavaillon" a pour origine le marché de Cavaillon où étaient vendus historiquement ces melons gorgés de soleil. Aujourd'hui, la zone concernée par l'IGP est le Vaucluse, une grande partie des Bouches-du-Rhône et une partie du Var.
Obtention de l'IGP, une longue procédure
Le dossier transmis à l'Institut national de l’origine et de la qualité, Inao, doit passer plusieurs étapes avant de prétendre à l'obtention de l'IGP. D'abord au niveau régional, puis national, enfin européen.La première demande date d'il y a vingt ans. Mais cela fait trois ans que le syndicat a relancé la procédure et un an et demi que l'action est menée au niveau national.
En juin 2019, une délégation vauclusienne s'est rendue à Paris afin de promouvoir le melon de Cavaillon. Le Syndicat a dû définir des critères de sélection mesurables, s'approprier une langue et des termes pour la rédaction du dossier.
La crise sanitaire liée à l'épidémie de coronavirus a logiquement freiné l'avancée du dossier. La durée de la procédure est également liée à la vérification de la structure qui porte le dossier.
Ici, le syndicat des maîtres melonniers de Cavaillon doit être reconnu comme un Organisme de défense et de gestion (ODG). Une étape nécessaire pour tous les labels de qualité. Elle permet d'éviter les structures "fantôme".
A ce jour, les melonniers touchent au but. Le dossier est entre les mains de l'Inao, au niveau européen. Jérôme Jausseran est confiant : "L'IGP devrait arriver courant 2020"."L'IGP devrait arriver courant 2020."
La dernière ligne droite pour que ce légume estival des contrées provençales gagne, enfin, ses lettres de noblesses.
La zone concernée par l'IGP "Melon de Cavaillon" :
"Les limites de l’aire géographique sont définies par des éléments naturels : le Rhône à l’Ouest, puis en remontant vers le nord du département du Vaucluse.
Ensuite, elle suit les contreforts nord du mont Ventoux. La zone contourne par le sud le plateau de Sault et remonte jusqu’au canton de Saint-Etienne les Orgues.
A l’Est, la limite de la zone est formée par la vallée de la Durance, de l’autre côté de laquelle commencent les Alpes duranciennes.
Elle descend sur le bassin de production de Trets et de son prolongement varois, bordés au nord et au sud par les massifs de la Sainte-Victoire et de la Sainte-Baume.
Ce dernier massif nous ramène dans les Bouches du Rhône le long du massif de l’étoile, en suivant la vallée de l’Arc. Nous arrivons dans la région de Vitrolles, avec comme limite sud l’Étang de Berre. La pointe nord de l’étang mène sur la zone d’Arles et rejoint à nouveau le Rhône."