Des animations et des jeux pour les enfants au pied des tours, barbecue pour tous, les dealers de la cité de Cavaillon ont organisé un 14 juillet festif pour promouvoir leur plan Stup sur les réseaux sociaux.
"Château gonflable, piscine, trampoline, barbecue gratuit, musiques et chansons, tout était en place pour offrir une journée de divertissement inoubliable". Les habitants de la cité du Docteur Ayme, à Cavaillon, ont d'abord cru à une attention généreuse et inattendue de la part de la mairie pour le 14 juillet, rapporte dans un communiqué publié le 15 juillet, le collectif citoyen "Le chemin de l'école en toute sécurité" qui s'est organisé depuis 2021 pour faire entendre la détresse des habitants à la violence.
Une vitrine pour le point de deal
"Cependant, derrière cette façade alléchante, se cachait un plan visant à attirer davantage de clients vers le point de deal local", complète le collectif d'habitants.
Les installations étaient toujours en place ce dimanche comme a pu le constater France 3 Provence-Alpes.
Les trafiquants de drogue ont en effet partagé les vidéos de ces festivités "offertes" aux habitants de la cité du Docteur Ayme sur les réseaux sociaux qui leur servent à faire au grand jour la promotion de leur business.
Un territoire "abandonné"
"Cette stratégie a permis aux trafiquants de toucher un public plus large, utilisant l'attrait de la fête nationale pour attirer l'attention sur leur activité illicite. Les festivités ont ainsi servi de vitrine pour le point de deal, renforçant sa notoriété et sa clientèle", s'indigne le collectif.
Les habitants s'inquiètent que par ce moyen "les dealers ciblent à présent les enfants en école primaire pour étendre leur influence".
Pour eux, l'absence d'activités encadrées pour les plus jeunes dans ce quartier délaissé par les pouvoirs publics laisse la voie libre à ceux qui en ont fait leur territoire. "Les enfants, ils ont envie d'y aller et ils participent en nombre (...) On aimerait savoir d'où ça vient, qui organise ça et quel est le but de ces activités-là, mais on n'a pas d'interlocuteur, à la mairie c'est porte close, Monsieur le maire se contente de gèrer le centre-ville, les quartiers périphériques de Cavaillon, ça n'existe pas pour lui", estime un réprésentant du collectif. "C'est un territoire abandonné, la police n'y rentre pas, les habitants vivent en vase clos", résume-t-il.
Le maire Gérard Daudet a expliqué à France 3 Provence-Alpes avoir découvert ces installations dans la cité par le courrier du collectif et selon lui, ce n'est pas du ressort de ses services. "S'ils ont des preuves formelles que ce sont des dealers qui organisent ces piscines, qu'ils apportent la preuve à la police nationale".
L'élu promet cependant des investigations pour savoir qui est derrière l'installation de ces jeux aquatiques car "ils se sont branchés sur la bouche à incendie et c'est formellement interdit", et il y a "occupation du domaine public sans autorisation de la ville".
Depuis deux ans, la cité du Docteur Ayme qui compte 2 500 habitants est devenu le théâtre de violence et de règlemenents de comptes sanglants. Point stratégique entre Avignon et Marseille, Cavaillon est considérée comme l’une des plaques tournantes du trafic de drogue dans le Sud de la France.