Ce que l'on sait sur les attaques de mouches qui menacent la filière cerises dans le Vaucluse

Deux fléaux menacent les cerises du Vaucluse, la mouche Suzukii et la mouche de la cerise que les agriculteurs pensaient disparue. Les dégâts mettent en péril toute la filière.

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Crise passagère ou disparition annoncée ? Alors que la saison de la cerise bat son plein, les agriculteurs du Vaucluse font face à un scénario catastrophe. Les fruits sont attaqués et détruits par deux mouches : la mouche Suzukii et la mouche de la cerise. Faute de traitement efficace, les producteurs en viennent à se demander s'il faut continuer à cultiver. France 3 Provence-Alpes fait le point sur le risque lié à ces insectes.

La Drosophila Suzukii, petite mouche, gros dégâts

Les drosophiles sont de petites mouches qui ne causent habituellement pas de souci aux agriculteurs, car elles ne pondent que dans des fruits déjà en décomposition. Mais ce n'est pas le cas de la "Drosophila Suzukii", beaucoup plus inquiétante.

Ce petit moucheron de trois millimètres a été décrit pour la première fois au Japon en 1916. Originaire d'Asie du Sud-Est, cet insecte a débarqué en Europe, d'abord en Espagne et en Italie de manière accidentelle en 2008 avant d'arriver dans le Sud Est de la France. La mouche s’est depuis largement répandue et provoque d’énormes dégâts dans les cultures fruitières. 

"Elle s’attaque à beaucoup d’espèces, mais préfère les petits fruits rouges comme les cerises et les framboises", explique Hervé Colinet, chargé de recherche dans un article du CNRS.

Retour d'une mouche qu'on pensait disparue

Les producteurs font également face au retour d'une mouche qu'ils pensaient disparue : la mouche de la cerise, Rhagoletis Cerasi. C'est également un insecte de petite taille, 4 à 5 mm, reconnaissable grâce à ses ailes translucides rayées de noir. Son corps présente un bouclier jaune. Ces mouches viennent pondre pendant le mûrissement de la cerise. Les larves grossissent en se nourrissant du fruit qui finit par tomber, véreux.

Les traitements efficaces interdits dans l'Union européenne

"Les traitements qui étaient efficaces pour protéger les fruits ont été interdits depuis 20 ans dans l'Union européenne et en France", constate le syndicat de la cerise des Monts de Venasque. Les agriculteurs produisent depuis 30 ans des cerises "haut de gamme" sous différentes marques.

Le Phosmet, dernier pesticide efficace contre la Drosophila Suzukii a été interdit à l'automne 2022 par la Commission européenne.

"Les produits encore autorisés aujourd'hui ne protègent pas suffisamment les fruits dans les vergers. La recherche avance mais trop lentement aux yeux des producteurs", ajoute le syndicat.

Mais y a-t-il une véritable solution pour se débarrasser de cette mouche ? "L’éradication de cette mouche représente un problème insoluble, souligne Hervé Colinet dans l'article du CNRS. Cette mouche est beaucoup trop prolifique et se nourrit d’une grande variété de fruits, y compris des espèces sauvages non cultivées." En clair, si on parvenait à s'en débarrasser dans un champ, elle n'aurait aucun mal à se régénérer ailleurs, et à revenir à la saison suivante.

Jusqu'à 90% de perte dans les vergers

L'année 2023 semble maudite pour les arboriculteurs. La cueillette a d'abord mal commencé avec les pluies continues de la mi-mai. Une météo capricieuse qui s'est prolongée avec des orages pendant plusieurs semaines. L'attaque des mouches, c'est la cerise sur le gâteau. "Les vergers sont dans un état désastreux et désespéré".

"Cette année, les producteurs ont perdu 70% de leur récolte, pour certains 80 à 90%, déclare Nicolas Auragnier, président du syndicat des cerises Monts de Venasque. Désarroi et découragement sont là, avec cette question qui hante les producteurs : malgré l'attachement au terroir et à la cerise française de qualité, faut-il continuer ?"

Pour le syndicat, la filière cerise connaît sa pire crise en 2023. "L'avenir de la filière se pose fin juin. Trouvera-t-on encore des cerises françaises et des cerisiers dans le Vaucluse dans 3 ou 5 ans ?"

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