Une mouche asiatique fait monter la crainte d'une faible récolte chez les producteurs de cerises en France. Les producteurs doivent trouver d'autres solutions pour lutter contre cet insecte depuis l'interdiction d'un pesticide efficace contre ce nuisible, jugé dangereux pour l'Homme.
La mouche asiatique Drosophila suzukii fait peser de lourdes craintes sur la filière des producteurs de cerises françaises. Les cultivateurs du Vaucluse notamment ne peuvent plus utiliser un pesticide, "le phosmet", pour lutter contre ce minuscule insecte. Celui-ci a été jugé dangereux en 2022 par les autorités européennes. On vous explique pourquoi, ce moucheron fait trembler les agriculteurs.
- Drosophila suzukii, c'est quoi ?
Drosophila suzukii est un moucheron de toute petite taille qui mesure environ 3 millimètres. Cette drosophile a été décrite pour la première fois au Japon en 1916. Et elle est capable de résister à des températures très variées.
Originaire d'Asie du Sud-Est, cet insecte a débarqué en Europe, d'abord en Espagne et en Italie, il y a un plus de 10 ans avant d'arriver dans le Sud-Est de la France. Depuis, ce moucheron s'est répandu dans tout le reste du pays et pèse sur les cultivateurs de fruits rouges.
- Quel type de dégâts fait par Drosophila suzukii ?
La femelle de cette mouche asiatique aime pondre ses œufs lorsque les fruits rouges sont presque à maturité, particulièrement quand le temps est chaud et humide. Lors de la pondaison, les larves se développent à l'intérieur du fruit et s'en nourrissent ce qui le rend immangeable.
Dans la zone des Monts du Lyonnais, dans le Vaucluse et dans le Massif-Central, la cerise est la principale production depuis plusieurs générations. Elle fait vivre plus d'une centaine de producteurs mais aussi plusieurs expéditeurs de fruits.
Parmi eux, l'entreprise Cerifrais dont les cerises représentent 95% de l'activité. Selon son directeur, Thomas Coignat, il craint que le volume vendu ne soit divisé par deux cette année. Pour équilibrer les comptes, l'entreprise devra vendre au moins 800 tonnes de cerises en 2023, contre 1.300 tonnes en 2022.
- Pourquoi les agriculteurs sont inquiets en France ?
Début 2022, la Commission Européenne a refusé de renouveler l'homologation du phosmet, en raison de "risques inacceptables pour les opérateurs, travailleurs, passants et résidents", pointés par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). La décision relevait également "un risque aigu et chronique élevé pour les consommateurs" ainsi que pour la faune.
En France, les agriculteurs ont des craintes par rapport à l'interdiction de la molécule phosmet, car c'est la seule qui est efficace contre l'insecte. "A partir de la mi-juin, on ne pourra plus ramasser de cerises", assure Florian Minodier, un arboriculteur en Ardèche.
En février 2020 déjà, c'était l'insecticide diméthoate qu'ils employaient pour éradiquer la drosophila suzukii qui a été interdit par l'Agence nationale de sécurité sanitaire.
Le moucheron ne possède pas de prédateur naturel pour permettre aux cultivateurs une lutte plus écologique.
- Quelles pistes sont envisagées pour éviter une catastrophe ?
L'utilisation de filets posés sur les cerisiers pour empêcher les mouches d'atteindre les fruits fait partie des pistes envisagées. Mais pour les nombreux vergers de coteaux la mise en place est complexe selon les producteurs.
L'autre solution serait de mettre à des dispositions des agriculteurs du temps et des dérogations pour lutter contre ces nuisibles. "Le gouvernement l'a déjà fait, sur la betterave par exemple, il faut des dérogations jusqu'à ce qu'il y ait une solution alternative", réclame Jérôme Volle, vice-président de la FNSEA.
- Est-ce que d'autres menaces pèsent sur les cerises françaises ?
Dans le domaine expérimentale de Tapy à Carpentras, dans le Vaucluse, le dérèglement climatique joue des tours aux cerisiers.
Les températures élevés de ce début d'hiver ont permis l'apparition précoce des bourgeons, avec un mois d'avance. Mais l'arrivée d'un gel soudain inquiète les agriculteurs. Cela condamnerait leur récolte comme en 2021.
Et les grosses chaleurs du printemps dernier avaient eu aussi un impact sur la récolte.
Avec AFP.