La source de la Sorgue, dont les eaux jaillissent à Fontaine-de-Vaucluse, a connu un été de sécheresse. Après de longs mois, l'exsurgence est enfin arrivée. Et ce sont les visiteurs qui en profitent. Attention toutefois, au risque de noyade.
Après des mois de sécheresse, la source de la Sorgue est de nouveau en crue et attire de nombreux visiteurs. Cette rivière, qui jaillit de Fontaine-de-Vaucluse, a le débit le plus important au monde. Attention donc, au risque de noyade.
Depuis 10 jours, la Sorgue bouillonne et quitte sa source, dévalant les rochers pour le plus grand bonheur des visiteurs. "J'ai déjà vu la source jaillir, mais jamais comme ça. Aujourd'hui, c'est spectaculaire. Habituellement, c'est un petit marigot", s'exclame un visiteur.
Ça fait du bien, comparé à cet été où il n'y avait rien du tout.
Une promeneuse
"On se sent petit par rapport à la nature. On voit la hauteur de la falaise, toute cette eau et cette violence. C'est très poétique", ajoute une autre. "C'est à la nature de reprendre un peu ses droits. Avoir de l'eau, cette fois, ça fait du bien, comparé à cet été où il n'y avait rien du tout", remarque une jeune promeneuse au micro de nos journalistes sur place, Gilles Ammar et Emmanuel Zini.
À sec pendant de longs mois, l'exsurgence n'était pas arrivée depuis le 2 janvier 2022. C'est un phénomène naturel qui est dû aux eaux de pluie du plateau d'Albion, de la montagne de Lure, des monts Ventoux et de Vaucluse. Toutes s'infiltrent ici, dans cette falaise haute de 240 m de haut.
Les eaux souterraines débordent
Aujourd'hui, les eaux souterraines débordent. Cette source, Roland Pastor, spéléologue et plongeur, la connaît bien. "C'est une crue normale, mais pas exceptionnelle, dans la mesure où on a déjà observé jusqu'à 100 m3 seconde. C'est-à-dire que c'est le double de ce que l'on a aujourd'hui."
La première source de France, avec un débit moyen de 630 millions de m3 par an, a passé plus de 100 jours cette année en dessous du niveau zéro. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. "On a deux grands puits. En dessous, vous pouvez rentrer la Tour Eiffel avec 328 m de profondeur", affirme le spéléologue.
Ces puits n'ont pas encore révélé tous leurs mystères. Si un robot en a touché le fond en 1985, la topographie précise de ces immenses cavités reste encore inachevée.
Risque de noyade
Ces eaux présentent évidemment un risque : la noyade. Dix jours seulement après cette crue, mardi 20 décembre 2022 aux alentours de 13 heures, un homme de 39 ans s'est jeté dans la Sorgue pour secourir sa fille de 3 ans qui avait chuté dans l'eau. Coincé dans une vanne, il a ensuite lui-même été secouru par un autre homme.
À leur sortie de l'eau, le père et sa fille étaient en légère hypothermie.