L'initiative est partie de Haute-Savoie au début du confinement et a rapidement gagné le Sud. Depuis le 2 avril, les coursiers solidaires pédalent pour livrer courses et médicaments aux personnes âgées ou isolées, dans une dizaine de communes du Vaucluse.
Il n'y a pas de mal à se faire du bien, surtout quand ça fait aussi du bien aux autres. Alexandre Mouratille est un pro du vélo. Pas dans la compétition, plutôt dans la réparation. En mars, il a monté son atelier mais le confinement lui a coupé l'herbe sous le pied.
Plutôt que d'attendre des jours meilleurs, confiné dans son village d'Entraigues-sur-la-Sorgue, il a décidé de se remettre en selle au service des personnes âgées boquées chez elle par le confinement. Un service de portage à domicile gratuit.
"Ça permet aux gens de pouvoir faire du vélo et d'aider les gens autour de chez eux", explique Alexandre, heureux de pouvoir joindre l'utile à l'agréable.
"Je me suis présenté auprès de ma mairie, du service d'aides sociales, des commerçants, de la pharmacie, raconte-il, je l'ai aussi proposé à mon Amap qui avait des besoins pour livrer les oeufs et les fruits et légumes."
Le coeur et les jambes
Pour toucher facilement le plus grand nombre, les coursiers solidaires du Vaucluse ont leur page Facebook suivie par 230 personnes.Paradoxalement, les offres de bénévolat sont venues plus vite que les demandes de livraison. "Il faut aller à la rencontre des gens et se faire connaître, que les gens aient confiance en nous et en notre fonctionnement. C'est le bouche à oreille qui marche le mieux." Les coursiers ont des consignes précises. Ils se déplacent avec une attestation spéciale et doivent respecter les gestes barrières.
"Soit ils vont chez le commerçant et paient avec leur carte bancaire, en utilisant le sans contact car ce sont des petites courses, explique-t-il, ils laissent ensuite la marchandise en la laissant à deux mètres et la personne met l'appoint dans une enveloppe. Si la personne connaît le coursier, elle lui donne directement l'argent pour aller faire les courses."
Un coursier près de chez soi
Aujourd'hui, les coursiers solidaires du Vaucluse comptent 61 membres. Ils sont étudiants, sans travail ou retraités, répartis dans une dizaine de communes, de Pertuis à Cavaillon, d'Orange à Apt en passant par Avignon, Aubignan...Pour trouver un bénévole près de chez soi, il suffit d'aller sur la carte interactive tenue par Alexandre. Chaque coursier y est inscrit avec son numéro de téléphone. "Je reçois trois à quatre propositions par jour", note Alexandre. Pas de critère de sélection, juste avoir un vélo, un sac à dos, de bons mollets...
"Il faut juste avoir cet esprit d'ouverture et cette envie d'aller vers les autres, souligne Alexandre, et être capable de se débrouiller tout seul".
Pédaler pour les aînés qui resteront confinés
Les coursiers solidaires se multiplient à travers la France. Ils sont désormais présents dans certaines grandes villes comme Montpellier, Lyon ou Marseille, et également dans le Var.Cet engouement montre l'utilité de la démarche, mais les collectifs risquent de manquer de jambes pour pédaler après le 11 mai quand beaucoup auront repris leurs activités professionnels.
Alexandre Mouratille réfléchit à la façon de maintenir cette belle chaîne de solidarité auprès des aînés qui, eux, devront probablement rester encore de longs mois confinés.