Le rêve du Niçois Eric Camilli, propulsé pilote officiel de l'écurie M-Sport en Mondial des rallyes, devient réalité au Rallye Monte-Carlo, dont il prendra le départ jeudi soir au volant d'une Ford Fiesta RS de la catégorie-reine, deux ans après avoir fait l'ouvreur pour un pilote local.
"Honnêtement, je me sens bien, en forme, et j'attends ce rallye avec impatience", confie le Niçois de 28 ans, pour qui débuter en WRC au Monte-Carlo, "c'est un plus dans le rêve, dans la magie. Mais c'est un rallye très particulier, difficile. Les conditions de route sont changeantes, il peut y avoir de la neige, et on peut toujours faire un choix de pneus erroné".
Un pari sur l'avenir
Le recrutement de Camilli est un pari sur l'avenir, car il n'a disputé qu'une quarantaine de rallyes, dont dix seulement au plus haut niveau mondial, dans les catégories inférieures (WRC2 et WRC3). "Je ne me souviens plus à quand remonte la dernière fois qu'un pilote m'a fait une telle impression", explique Malcolm Wilson, le patron de M-Sport, qui avait cherché, en vain, à enrôler Sébastien Loeb puis Sébastien Ogier.@EricCamilli assure le show sur le port Hercule #Monaco #Ford #Fiesta #MSport #Camilli #WRC #wrc2016 pic.twitter.com/vdWwlFff2S
— La Gazette de Monaco (@GazettedeMonaco) 21 Janvier 2016
"J'ai suivi Eric l'an dernier. Il a été fantastique, notamment en Espagne. Après le Rallye de Grande-Bretagne, j'étais un peu déçu, déprimé, je voulais changer des choses. Il est venu dîner chez moi, il m'a raconté sa vie, et j'ai été très impressionné par son approche mentale. Il est très intelligent", confie l'homme qui a dirigé, chez Ford, Marcus Grönholm, Mikko Hirvonen et Jari-Matti Latvala.Je ne me souviens plus à quand remonte la dernière fois qu'un pilote m'a fait une telle impression
Interviews sous le soleil de Monaco avant le début des hostilités ce soir
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— Eric Camilli (@EricCamilli) 21 Janvier 2016
Formation d'expert-comptable
Lauréat de l'opération de détection Rallye Jeunes en 2012, Camilli a donc brûlé les étapes, mais il ne veut pas se brûler les ailes. Il a une formation d'expert-comptable, il a essayé "d'autres sports de glisse" et il a visiblement les pieds sur terre: "Il y a deux ans, j'ouvrais le rallye pour un bon pilote amateur, dans l'anonymat. Deux ans plus tard, j'ai ma Ford garée sous le chapiteau et je sens comme l'aboutissement d'un rêve"."Accord à long terme"
"Je suis arrivé en rallye sur le tard, mais j'ai toujours cru en mon sport. Je suis un vrai passionné de rallye, je le fais avec émotion, j'aime vibrer, et jesuis en train de réaliser mon rêve", ajoute Camilli. "La confiance que Malcolm a mis en moi, comment il m'a accueilli, il y a un certain +feeling+ qui est passé et ça me touche beaucoup".
"Je me suis décidé très vite, car je voulais vraiment le mettre dans une de mes voitures", confie Wilson, l'ancien rallyman. "Il a donc fallu que je trouve une solution avec Toyota", ajoute-t-il, car Camilli était l'un des pilotes de développement de la marque japonaise qui reviendra en WRC l'an prochain.
"Je ne lui mets pas de pression, car nous avons un accord à long terme entre nous.
Prendre du plaisir
Je sais qu'il peut encore passer un cap. Tant que je verrai des progrès, je serai heureux", résume Wilson. "Il m'a dit de prendre du plaisir, ça veut tout dire, et ça montre qu'il a confiance en moi", conclut Camilli. "Je ressens du soulagement, parce que ça va commencer, et beaucoup d'adrénaline, mais pas de pression. Je suis un compétiteur, je rentre dans le très haut niveau, mais je sais aussi que je passerai 14e sur la route et qu'elle sera sûrement très sale, donc je vais peut-être mettre l'attaque de côté..."Le mot de la fin est pour Sébastien Ogier, lauréat de Rallye Jeunes, comme Camilli, et désormais triple champion du monde: "Il a une belle opportunité. A lui de jouer pour montrer que son potentiel peut se développer sur une saison complète. Il a très peu d'expérience mais de belles cartes en main pour progresser". A suivre.