Ce matin, les marins ont voté la grève pour le 9 ème jour consécutif. Décidés à ne pas arrêter le mouvement, ils veulent être entendus par Manuel Valls. Hier le nouveau patron de la compagnie appelait à l'arrêt de la grève, estimant qu'elle pouvait conduire à la " disparition" de l'entreprise.
Le président de la SNCM, Olivier Diehl, a appelé à l'arrêt de la grève des salariés de la compagnie maritime en difficulté, mardi, une semaine après le début du mouvement, estimant qu'elle pouvait conduire à la "disparition" de l'entreprise.
a mis en garde Olivier Diehl dans un courrier adressé au personnel et cité dans un communiqué.Il existe un avenir pour les activités de la SNCM. Le choix n'est pas entre la disparition maintenant et la disparition dans trois mois: il est véritablement entre la disparition maintenant et l'avenir. Pour cela, il faut savoir arrêter une grève
et de poursuivre :
"La grève fait fuir nos clients, elle met à mal nos finances, elle favorise nos concurrents. Il ne faut pas se tromper de combat, elle rend service uniquement à ceux qui ont intérêt à nous voir sombrer! Ce serait un immense gâchis: si elle se prolonge, nous rentrons dans un processus que nous ne contrôlerons pas et qui aboutirait à la liquidation", affirme encore le nouveau patron de la compagnie.
Mardi : Le Kallysté occupé
Cette mise en garde intervenait alors que les salariés ont reconduit mardi la grève entamée le 24 juin, bloquant les bateaux de la compagnie, et que les marins CGToccupent, depuis mardi matin, un navire de La Méridionale, le Kalliste, arrivé de Bastia et qui devait initialement appareiller pour cette ville mardi soir.
"Le droit n'est plus respecté, le service public bafoué et la Corse attaquée dorénavant clairement par l'occupation" du Kalliste, a réagi la chambre de commerce de Bastia
dans un communiqué.
Même son de cloche de la part du député de Haute-Corse et président du conseil exécutif de Corse Paul Giacobbi: avec l'occupation du Kalliste, "la Corse se trouve menacée d'un blocage dramatique", affirme-t-il dans un communiqué, dénonçant des "atteintes à la liberté de circulation portuaire".
La CGT a demandé de son côté mardi un rendez-vous en urgence avec le Premier ministre, Manuel Valls, au lendemain d'une rencontre jugé infructueuse à Marseille avec le
secrétaire d'Etat aux Transports, Frédéric Cuvillier.
Celui-ci a annoncé lundi soir deux nominations. Celle de Louis Gallois, chargé "d'établir un plan stratégique de soutien aux compagnies de transport maritime françaises" et celle de Gilles Bélier, vice-président du conseil d'orientation de l'emploi, "comme négociateur dans le dossier" SNCM.
Les syndicats ne désarment pas
"C'est du foutage de gueule de nommer un coordinateur interministériel (M. Gallois, ndlr) pour trouver un nouvel actionnaire à la SNCM alors que les conditions d'un nouvel actionnariat ne sont pas réunies", a jugé le délégué syndical de la CGT Marins, Frédéric Alpozzo.Selon lui, ces conditions passent par le traitement des contentieux européens - la SNCM a été condamnée par Bruxelles au remboursement de deux fois 220 millions d'euros d'aides publiques jugées indûment perçues - et la sécurisation de la délégation de service publique (DSP) vers la Corse, attaquée par son concurrent la Corsica Ferries.
La CFE-CGC avait, elle, salué ces nominations mais dénoncé la "langue de bois" du ministre, qui ne répond "pas aux éléments concrets apportés" par les syndicats.
Et alors que les syndicats réclament la commande de nouveaux navires, soutenue initialement par l'Etat mais rejetée vendredi par celui-ci et l'autre actionnaire Transdev, lors d'un conseil de surveillance, le PDG, Olivier Diehl, assure dans son communiqué: "non, la DSP n'impose pas de nouveaux bateaux, il n'y a pas de mort programmée si nous ne les achetons pas immédiatement!".
Au delà de la situation économique et du conflit qui semble s'installer, les marins de la SNCM ne cachent pas leur tristesse et leur désillusion.
Dans le reportage Philippe Sarian marins CGT, Patrick Panzani syndicat autonome des marins