Le film du franco-tunisien Karim Dridi, "Chouf" a été présenté hors compétition dimanche au Festival de Cannes. Ce long métrage, tournée des acteurs des quartiers nord de Marseille, décrit le monde sanglant du trafic de drogue.
Présenté hors compétition au festival de Cannes, "Chouf" est le troisième long-métrage du franco-tunisien Karim Dridi à explorer la réalité marseillaise, après Bye-Bye (1995) et Khamsa (2008), tourné dans un camp gitan.
Cette fois, Karim Dridi a posé sa caméra dans une cité des quartiers nord, minée par le trafic de drogue. "Chouf", regarde en arabe, désigne les "guetteurs", ces petites mains du trafic de drogue chargées de donner l'alerte en cas d'arrivée de la police.
Le film (1H48) repose sur une intrigue classique : un jeune doué pour les études lâche tout pour sombrer dans la délinquance et venger son frère, trafiquant de drogue, tué par des rivaux. Karim Dridi a voulu décrire "la fatalité" qui s'abat sur une partie de la jeunesse des quartiers, prise au piège de la discrimination, de la misère et du trafic. "L'idée était de donner la parole à ceux qui l'ont pas. On ne va pas dans ces quartiers en général, sauf pour acheter son shit", explique le réalisateur.
Un contrechamp sur les cités
Extrêmement convaincants, les acteurs, pour la plupart débutants et recrutés directement dans les cités des quartiers nord sont la principale force au film. Pendant deux ans, ils ont travaillé avec le réalisateur, au cours d'ateliers, pour perfectionner leur jeu. "Sans prétention, on n'est pas arrivés à ce résultat comme ça, ça a été du taf", a expliqué Foued Nabba, qui joue l'un des rôles principaux.Efficace pour dénoncer la violence liée au trafic de drogue, le film ne redorera pas l'image des quartiers nord, quand bien même le réalisateur dit vouloir offrir un "contrechamp" à la vision des médias sur les cités. Ici, les champs de tir clandestins dans les terrains vagues, les tirs de kalachnikov à l'intérieur même des appartements ou la corruption de la police semblent faire partie du quotidien le plus banal.
"Les Américains, les pauvres, ils connaissent pas la réalité. Ils se font entuber par un producteur qui leur vend Marseille. Moi, j'entube personne", conclut Karim Dridi.