France 3 Provence-Alpes accompagne le festival Voix de Femmes de Saint-Martin-de-Crau qui poursuit son aventure, à la découverte de femmes artistes de toutes cultures. Les spectacles se déroulent du 5 au 26 mars.
Quel temps faut-il à un festival pour atteindre sa vitesse de croisière ? Aucun n'est sans doute logé à la même enseigne. Jean-Louis Aubertin, directeur du centre de développement culturel de Saint-Martin-de-Crau s'est lancé un défi il y a 14 ans : proposer à un public déjà largement sollicité, une programmation estampillée féminine qui balaie des domaines aussi variés que la chanson, le stand-up, les arts plastiques ou le cinéma. Et ça marche : En 10 ans de programmation, la fréquentation a plus que doublé.
A l’affiche du 5 au 26 mars 2016
Renommées ou en devenir, huit artistes de talent à découvrir pour le plaisir du plus grand nombre.Samedi 5 mars 21h / Chanson Française
Clarika ouvrira le bal. Depuis ses débuts en 1993, la jeune femme continue d’exprimer ses sentiments au fil d'albums de qualité. Elle livrera les nouvelles chansons de son nouvel album au travers un concert vivant, qui lui ressemble.
Mardi 8 mars 21h / Cithare et chant
Sissy Zhou se produira sur la scène du Festival. Cette jeune chanteuse de musiques traditionnelles chinoises, par sa sensibilité et son talent, propose un voyage unique au royaume de la grande Chine antique.
Jeudi 10 mars 21h / One Woman Show
Place au One Woman Show de Louise Bouriffé, « Pot pour rires ». Un spectacle burlesque et déjanté, où le public pourra découvrir les incontournables aventures de Louise.
Samedi 12 mars 21h / Pop
Luce, jeune lauréate de la Nouvelle Star (M6) en 2010 présentera « Chaud », nouveau label et deuxième album qui offre des paroles de jeune femme sensuelle et sensible.
Jeudi 17 mars 21h / Pop Folk
Aurélie Cabrel nous fera vivre sa passion pour le live avec un spectacle haut en couleurs. Trois morceaux de Francis Cabrel et de Grand Corps Malade enrichissent son dernier album "A la même chaine".
Samedi 19 mars / Folk Rock
Sirius Plan, un girls band qui fait le lien entre le rock et la féminité, sera sur la scène du Festival Voix de Femmes. Deux guitares, une batterie, et trois voix : c’est trois artistes unies par leur musique qui parle de l’humain à l’humain.
Mardi 22 mars / Pop Electro World
Nawel, jeune chanteuse franco-tunisienne nous fera naviguer entre les deux rives de la méditerranée. Sur une rythmique "groovy", Nawel propose Un coktail ensoleillé aux accents rock, world et électro.
Samedi 26 mars 21h / Chanson française
Pour clore ce festival Hélène Segara sera LA tête d’affiche du festival. Son huitième album, "Tout commence aujourd’hui" est plein d’énergie, d’émotion et de poésie. Hélène Segara est impatiente de retrouver son public pour vivre ce moment de partage.
Quelques questions à Jean-Louis Aubertin, directeur du festival
PZ : Avec le recul de 13 ans de programmation, qu'est-ce qui vous paraît être le garant d'une bonne édition ? la bonne recette ?
JLA : S'il y avait une recette, j'aimerais en avoir un livre entier. Programmer, gérer un lieu de diffusion, c'est une sorte d'alchimie de chaque instant. Bien entendu, il est nécessaire de recevoir des artistes qui offrent le meilleur d'eux-mêmes sur scène. La qualité artistique est essentielle. Mais au delà, la qualité de la relation humaine de l'équipe artistique avec le public et l'équipe d'accueil est aussi un élément important. C'est là que l'alchimie se crée. Tout se passe bien et le plaisir est partagé.
Le choix d'une programmation éclectique, pour ne pas dire hétérogène, est un choix "génétique" pour le festival Voix de Femmes.
Proposer une diversité d'expressions. Faire plaisir auX publicS et donc ne pas se contenter d'une proposition exclusivement classique, contemporaine, rock, française ou internationale. Offrir ce temps de partage entre l'artiste et son public,comme le serait un voyage. La diversité, le voyage, l'étrange et l'étranger aussi, autant de spécificités d'une expression féminine - tout cela compose la liste des ingrédients indispensables de la recette.
2016 est "encore" une édition en phase avec ces objectifs.
PZ : Avez-vous fidélisé le public Saint-Martinois et a-t-il fait tache d'huile au-delà de la ville ? L'avez-vous vu évoluer ?
JLA : Je pense que le public Saint-Martinois s'est approprié le Festival. A tel point que, localement, même le "non-public" est fier de cette manifestation. Cela dépasse le fait d'aller ou non au spectacle et, de ce point de vue, c'est une fierté.
Plus globalement, le public, depuis les débuts, dépasse largement le cadre de Saint-Martin-de-Crau. Il est attiré par une artiste, une thématique et n'hésite pas à venir, parfois de très loin, faire cette rencontre artistique dans un lieu qui a toujours plaisir à l'accueillir, un lieu "cocooning" (petite salle, proximité avec le plateau et donc l'artiste, ...), familial et convivial. Le public attend la programmation du Festival et ose peu à peu la découverte. L'essentiel de l'évolution est là.
PZ : En chiffres, pouvez-vous me dire quelle a été sa progression depuis le début du festival ?
JLA : Les débuts du Festival ont été difficiles surtout pour les dates de "découvertes". Dans une commune d'à peine 12 000 habitants, l'offre globale est très urbaine. Elle répondrait sans aucun doute aux attentes d'une population bien plus importante que celle du bassin "Cravenque". Et pourtant, nous sommes bien à Saint-Martin-de-Crau.
Il est toujours plus facile de drainer un public sur des artistes reconnus mais plus complexe de créer la confiance et l'audace.
Ces dates découvertes restent compliquées à remplir mais peu à peu le public se lance, prend le risque et nous fait confiance.
Petite salle, petite commune mais, au fil du temps et des éditions, nous avons globalement doublé la fréquentation en 10 ans.
PZ : Comment fait-on sa sélection ? Est-on sollicité par les labels ? Entre sensibilité personnelle et contraintes de tous ordres, comment s'opère le choix des artistes ?
JLA : Il faut être à l'écoute, être curieux et persévérant mais aussi prendre des risques. L'écoute et la curiosité sont une nécessité permanente. Radio, télévision, sites web, équipes, relations professionnelles ou amicales. Il faut être à l'affût en permanence, avoir les yeux et les oreilles qui traînent... Ensuite, bien entendu, nous sommes sollicités en permanence. Vu notre taille, ce sont plutôt les labels ou les artistes indépendants qui nous sollicitent mais la qualité de notre travail et notre accueil aidant, la profession nous reconnaît un savoir-être et un savoir-faire qui a permis d'installer la notoriété du festival.
Quant à la sélection, l'idée n'est pas de se faire plaisir. La sensibilité personnelle serait un travers si, elle seule, guidait mes choix. Comme je l'ai dit, je privilégie la diversité. Il faut donc trouver des combinaisons qui privilégient découverte et originalité. Enfin... il y a le nerf de la guerre : le budget mais aussi la capacité technique du lieu et la volonté de l'artiste de s'y produire. Enfin je reviens à l'idée de la recette : il faut les ingrédients mais aussi varier les menus pour que chaque édition soit la meilleure possible.
PZ : Votre scène a-t-elle servi de tremplin à certaines artistes ?
JLA : Je serai très humble par rapport à l'impact de notre travail. Mais nous avons eu le plaisir d'accueillir des artistes telles que Joyce Jonathan ou encore Elodie Frégé en pleine ascension. Par contre je n'ai pas vu venir le succès d'une artiste comme Anaïs au premier abord, même si nous l'avons accueillie plusieurs années plus tard.
L'essentiel c'est souvent la rencontre...
PZ : Et votre vœu le plus cher en tant que directeur d'un centre culturel ?
JLA : Il serait transversal : que les politiques publiques nous permettent de poursuivre et d'accentuer notre travail de promotion et de valorisation des artistes et des œuvres ; pour un public toujours plus nombreux, plus curieux, plus éduqué, plus sensible et plus ouvert, dans une rencontre qui nous fait grandir ensemble....