Violences conjugales : des stages pour éviter les récidives

Contre la spirale infernale des violences conjugales et des féminicides la justice propose aux auteurs des faits de suivre des stages de responsabilisation. Objectif : prévenir la récidive. En quoi consistent-ils ? Sont-ils efficaces ?

 

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Après une condamnation ou pour éviter la prison, les auteurs de violences conjugales ont la possibilité de suivre un stage de responsabilisation. Encadrées par le parquet et organisées par des associations, ces "formations"  exitent dans plusieurs régions. A Valence, Lorient, Vesoul mais aussi à Nancy,  des intervenants détaillent les mécanismes de passage à l’acte aux premiers concernés.
 

Parler pour éviter la récidive


Les objectifs principaux sont de permettre aux stagiaires de visualiser les principes fondamentaux de la vie en société et de comprendre la portée de leurs gestes.
Agir en prévention en parlant des violences au sein du couple est un outil important pour limiter les risques de récidive. « Il y a eu un geste qui n’aurait pas dû arriver… Ça a été une évolution de faits, on aurait dû réagir plus tôt pour ne ne pas en arriver là », confie un stagiaire. 
 
©France 3 nancy

A qui s’adressent ces stages ?

Seuls les auteurs des violences les moins graves ou qui ont commis leur premier geste violent pourront se voir imposer ce type de stage. Cette mesure peut être proposée au prévenu par le procureur de la République ou un magistrat comme mesure alternative aux poursuites judiciaires mais aussi comme peine complémentaire, en obligation d'un sursis avec mise à l'épreuve ou d'une contrainte pénale.
Selon les villes, le coût varie de 200 à 250 euros. Il est entièrement à la charge du stagiaire. Les hommes qui refusent de participer au stage passeront en jugement.
A Vesoul, depuis sa mise en place, au début de l’année 2019, peu d’hommes l’ont refusé.
« Je préfère venir ici deux jours, que de passer six mois en prison », confie un homme.

Comment se déroule un stage ?

Psychologues, travailleurs sociaux, magistrats, conseillère en égalité homme femme mettent en place des ateliers individuels ou collectifs pour éviter le geste fatal.
Durant deux jours, réunis au sein d’un même petit groupe de sept ou huit, ces hommes vont réfléchir au processus de la violence, à la portée de leurs actes et aux conséquences subies par leur victime : implications judiciaires, conséquences au niveau familial…

Agrémentées de quizz ou de projections de films, les séances en groupe, permettent de remettre la communication au cœur de la relation. En verbalisant, les auteurs de violences analysent les émotions qui leur font perdre leurs moyens.
« Il y a eu une dispute qui est partie de rien du tout et ça a dégénéré, il y a eu des mots et des gestes qui ne devaient pas y avoir. Et c’était extrêmement dur », se souvient un homme. 
Les séances individuelles s’attachent au cas précis de chacun. Des obligations de soins peuvent être prescrits si nécessaire ainsi que des séances de médiation entre les partenaires.

Le rappel de la loi

Cette session de deux jours doit permettre de rappeler au condamné le principe républicain d'égalité entre les femmes et les hommes (art. R. 131-51-1.).
 Une séance consacrée à la place de la victime, au rappel à la Loi et au risque pénal. Ce type de démarche à l'égard des hommes violents peut surprendre, mais selon les professionnel c'est en revenant aux fondamentaux que toute les mentalités peuvent évoluer.
« Il faut sanctionner l’acte qui a été commis bien sûr,  mais le but c’est éviter la réitération des faits et ce n’est pas en travaillant uniquement sur l’accompagnement des victimes que l’on va y parvenir », explique Sophie Partouche, Substitut du procureur - Chargée des violences intrafamiliales.
©France 3 nancy
 

Des résultats

A l'issue de la session, une attestation de formation est remise à chaque stagiaire leur permettant d'en justifier la réalisation.  A Nancy, ce stage a permis d’orienter 69 hommes en 2018 et 63 hommes en 2019. 60% d’entre eux n’ont pas rechuté à ce jour.

Aller plus loin

Pour lutter contre les violences faites aux femmes, François Roques, directeur de l’association de contrôle judiciaire de l’Essonne, a mis en place des stages obligatoires pour les auteurs de violences conjugales. 
 
A ce jour, 113 femmes sont mortes en France sous les coups de leur compagnon ou ex compagnons. 
Depuis le mois de septembre et suite au Grenelle des Violences Conjugales, le 3919 est le numéro national de référence à composer par les victimes. Le 17 (Police et gendarmerie) demeure le numéro d'urgence à composer par toutes personnes victimes ou témoins de tels actes en cas de danger immédiat. 


 
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