En Algérie, le juge Marc Trévidic a obtenu le feu vert pour autopsier, en 2014, les têtes des moines de Tibhirine, dans le cadre de l'enquête sur leur assassinat en 1996.
Le magistrat antiterroriste, qui s'est rendu en début de semaine en Algérie, a obtenu l'autopsie mais n'a pas obtenu l'autorisation de réaliser une série d'auditions de témoins qu'il réclamait. Les auditions d'une vingtaine de témoins et l'autopsie des crânes des moines constituaient les deux aspects essentiels de la commission rogatoire internationale (CRI) adressée en décembre 2011 à l'Algérie.
"Je prends acte avec satisfaction que le juge a pu aller en Algérie, et qu'il va y avoir une exhumation et une autopsie des têtes des moines", a déclaré Me Patrick Baudouin, l'avocat de proches des religieux. "Je regrette cependant qu'il ne puisse y avoir des auditions dans une affaire qui concerne la mort de ressortissants français."
Enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère isolé près de Medea (sud d'Alger), les religieux avaient été assassinés, un acte revendiqué par le Groupe islamique armé (GIA) de Djamel Zitouni. Les têtes des moines avaient été retrouvées le 30 mai au bord d'une route de montagne, mais leurs corps ne l'ont jamais été, soulevant l'hypothèse que cette absence de dépouille ait été destinée à masquer les causes de leur mort.
Après avoir suivi la thèse islamiste, l'enquête judiciaire s'est réorientée vers une possible bavure de l'armée algérienne depuis 2009 et le témoignage d'un ancien attaché de défense à Alger.
L'intervention de François Hollande
Lors de sa visite en Algérie, M. Trévidic a pu rencontrer le juge qui conduit l'enquête algérienne sur ces assassinats. Ce dernier sera présent lors des autopsies, qui pourraient intervenir dans les prochains mois, selon une source proche du dossier. Le magistrat algérien a indiqué au juge français qu'il lui communiquerait des éléments des auditions demandées.
Les proches des moines de Tibhirine, qui demandaient de longue date que le juge puisse aller en Algérie, en ont plusieurs fois appelé à l'intervention de François Hollande, qui avait évoqué le sujet à Alger en décembre 2012 avec son homologue Abdelaziz Bouteflika.
"L'intervention du président Hollande pourrait avoir été déterminante pour permettre au juge français de se rendre en Algérie et d'obtenir un début de coopération", a estimé M. Baudouin.