Un collectif de chercheurs, soutenu par la fondation Petzl, vient de réaliser une étude sur l’accidentologie des sports de montagne. Objectif de cette démarche: mieux connaître le phénomène, le profil des victimes, les facteurs et contextes des accidents.
Comment arrive un accident? Quels sont les lieux les plus à risques? Qui sont les premiers concernés? Autant de questions abordées par l'étude "Accidentologie des sports de montagne, état des lieux et diagnostic" soutenue par la fondation Petzl. Annoncée en décembre 2014, elle est le fruit du travail d'un collectif de cinq chercheurs.
Selon le site Montagnes Magazine, l'étude a pour objectif premier de mieux connaître le profil des victimes, les facteurs et les contextes des accidents. La deuxième phase permet de cibler les causes récurrentes d'accident, et la reconstruction de scénarios type.
Gare au Mont-Blanc et aux descentes!
L’étude passe en revue l’alpinisme, le canyoning, le ski de randonnée, la randonnée pédestre, l’escalade, le VTT...tous les sports de montagne en somme. A partir des données existantes, fournies par les secouristes, les fédérations sportives, le Système national d’observation de la sécurité en montagne, l'Association Nationale pour l'Etude de la Neige et des Avalanches, le collectif de chercheurs tire ses conclusions.Le massif du Mont-Blanc est un point noir de l'accidentologie. Il concentre plus de 30% des décès, dont près de la moitié en alpinisme. La traversée du couloir du Goûter, située sur la voie normale du mont Blanc, concentre à elle seule 47% des accidents se produisant entre le refuge de Tête Rousse et le refuge du Goûter.
Lorsque les secours interviennent pour motif traumatique, on s'aperçoit que la chute dans le vide en à été à l'origine, dans 65 à 70% des cas. Des accidents qui arrivent en descente la plupart du temps, sur des pentes de 36 à 45°.
Les victimes: des locaux plutôt expérimentés
Les novices sont-ils les plus touchés par ces accidents graves, voire mortels? Pas forcément. Les victimes sont souvent des "locaux disposant a priori de connaissances". Le risque d'être touché par un accident est proportionnel au nombre de sorties en montagne. Il est donc élevé pour les montagnards.En Isère, les décès déplorés en ski de randonnée ne touchent presque que des personnes originaires du département. Pourtant, jusque dans les années 2000, on pointait en premier lieu "l'inexpérience, le manque de capacités techniques voire l’inconscience du danger".
Avalanche: une prise de risque consciente?
La mortalité par avalanche concerne moins de 20% des décès. Hors piste, la proportion de skieurs de randonnée tend à diminuer alors que celle des skieurs et snowboardeurs tend à augmenter. Pourtant, ce sont les premiers qui sont le mieux équipés: 80% d'entre eux disposent du triptyque DVA/pelle/seconde, contre 44% pour les skieurs et 63% pour les snowboarders. Un signe que les mentalités doivent évoluer.Là encore, les victimes d'avalanches sont souvent des personnes disposant de connaissances nivologiques. Que fait le pratiquant, face à un risque identifié? "La question centrale n’est plus seulement celle de la perception des dangers, mais autant, voire davantage celle de la décision de s’engager en connaissance de cause", telle est la conclusion de l'étude.
Mieux connaître les pratiquants pour prévenir
Selon Bastien Soulé, superviseur de l'étude et sociologue au Centre d'Etudes et de Recherche et d'Innovation en sport de l'université Lyon 1, son travail "permet de dresser un état des lieux inédit, bénéficiant d'éclairages internationaux, car les acteurs de la prévention et du secours en montagne ont plutôt pour habitude de travailler de manière 'cloisonnée' sur cette question sensible". Une déclaration qu'il a faite à Montagnes Magazine."Il faudrait mieux connaître les populations de pratiquants (leur nombre, la fréquence de leur pratique…) afin de mettre en relation les chiffres bruts d'accidents et le volume effectif de pratique. Par ailleurs, il serait utile, en termes de prévention, de cerner plus finement les scénarios accidentels". Les premiers résultats de l'étude sont attendus pour 2016.
Lex explications de Cédric Picaud