La vidéo a été visionnée près de 58.000 fois sur Youtube. Aïcha Msakni y montre les chambres de ses enfants, en réponse à leur placement en foyer par la Justice. Le 29 janvier, son conjoint a été interpellé par la police, soupçonné de violences sur fond d'islamisme radical.
Son discours est entrecoupé de larmes. Aïcha Msakni, la mère des cinq enfants d'une famille de Bourgoin-Jallieu, s'est saisie des réseaux sociaux pour exprimer sa détresse. "Ça me fait mal au coeur de me lever le matin, de voir ces lits tout vides...", dit-elle la voix brisée, tandis que l'on aperçoit sur sa vidéo les trois lits superposés de ses fils aînés.
Dans cette vidéo de 5 minutes, publiée sur Youtube le 7 février, -au lendemain de l'interpellation de son conjoint-, la jeune femme fait une visite guidée de son domicile. On y découvre des chambres "tout ce qu'il y a de plus normal", selon elle, avec la télévision, la salle de jeux, etc...
A travers ce document, Aïcha Msakni veut montrer que ses enfants étaient bien traités. Elle y établit sa propre version des faits.
On m'a retiré mes enfants, on a fait une erreur"
"On m'a accusée moi et mon mari de nous préparer au djihad. On voulait seulement partir (ndlr: déménager) en Tunisie", explique-t-elle, d'une voix ténue. "On m'a retiré mes enfants, on a fait une erreur, une erreur qu'on veut pas avouer."
Le 29 janvier, les services judiciaires et sociaux de Bourgoin-Jallieu ont décidé en urgence du placement des cinq enfants dont un nourrisson. Leur père est soupçonné d'avoir violenté les deux enfants d'une autre compagne. Un homme, bigame donc, présenté par la Justice comme "islamiste radical", qui aurait pu préparer "un départ en terre djihadiste".
Mes enfants n'ont jamais manqué de rien"
Epaulée par la CRI, la Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie qui entend faire du bruit autour de cette affaire, Aïcha dénonce "un enlèvement" quand elle parle du placement de ses enfants. Le procureur de la République de Bourgoin, Cédric Cabut, a, lui, déclaré à propos du placement: "il est de notre devoir de protéger des jeunes enfants lorsqu'il y a une pratique extrême de la religion."
"On a dit que mes enfants étaient privés de télé, qu'ils étaient malheureux, qu'ils n'avaient pas de jouets, alors que je leur ai toujours offert tout ce que je pouvais", indique la jeune femme. "Ils ont des livres, des tablettes, des ordinateurs de jeux, des consoles, les craies pour écrire (...) mes enfants ne manquent de rien."
"J'aime beaucoup les occuper, faire des activités avec eux (...) ils font des activités pendant tout le mois de Ramadan pour offrir des cadeaux à leur tonton, à leur tata, à leur papys, mamies..."
Enfin, la jeune femme montre son tire-lait, en affirmant: "Voilà ce qui remplace mon bébé de trois mois. C'est trop dur", avant de demander à la Justice, face caméra, de reconnaître son erreur et de laisser rentrer ses cinq enfants à la maison.