"La fusion est en marche", assurent les présidents des régions Auvergne et Rhône-Alpes, qui travaillent déjà pour que la réforme soit applicable dans un peu plus d'un an, alors que l'idée du nom "Aura" a été émise.
Entre l'Auvergne et le Rhône-Alpes, "l'union est déjà en marche" : les présidents de ces deux régions, René Souchon et Jean-Jack Queyranne travaillent depuis quatre mois pour "être prêts au 1er janvier 2016" lorsque la loi créant des ensembles plus vastes entrera en vigueur.
Les deux hommes préfèrent parler "d'union plutôt que de fusion". L'idée de l'appeler Aura (contraction des deux noms) a été émise.
"Une union qui correspond à une réalité"
A quelques jours du 2ème examen au Sénat du projet gouvernemental ramenant de 22 à 14 le nombre de régions en métropole, ce duo de "barons" socialistes tente de battre en brèche l'idée que les présidents de région rechigneraient à jouer le jeu de cette révolution - les limites des régions sont inchangées depuis leur création en 1972.
Au départ, ils n'étaient guère séduits : Jean-Jack Queyranne rappelait que Rhône-Alpes, grande comme la Suisse voisine, avait "déjà la taille européenne" ; René Souchon songeait vaguement à une méga-région Massif central, mais il aurait fallu pour cela démembrer plusieurs régions. L'idée de marier Auvergnats et Rhônalpins s'est donc imposée : "C'est une union qui correspond à une réalité", affirme M. Queyranne.
Plusieurs structures publiques ou para-publiques, et quelques grandes entreprises, épousent déjà les contours des deux régions, plaide le tandem : chambre régionale des comptes, France 3, ERDF, etc. "Avec l'Auvergne, il y avait des flux naturels", selon M. Queyranne.
Être prêt pour le 1er janvier 2016
Les présidents et leurs équipes se sont mis au travail dans la foulée de la publication de la future carte des régions. "L'objectif, c'est d'être prêts au 1er janvier 2016 et donc, de faire déjà le travail administratif et politique pour rapprocher nos deux régions", explique M. Queyranne.
Avec M. Souchon, il anime un comité de pilotage unique. "Un atlas des politiques régionales" de 200 pages vient d'être constitué, afin de les faire converger. Chaque Conseil régional a créé un comité de suivi. "On est en marche pour l'union", proclame M. Queyranne. "Je n'ai pas la réaction de quelques-uns qui disent : 'on va se faire bouffer', explique René Souchon. L'Auvergne peut apporter des points d'excellence à Rhône-Alpes. En matière de couverture par le très haut débit, nous sommes très en avance, l'Auvergne
est le laboratoire de la France".
Pour M. Queyranne, "les fiançailles sont en cours. On attend le vote de la loi pour publier les bans. En espérant que la loi viendra vite". D'ici fin 2014, sauf accident.
"Puissance de feu"
Il se dit convaincu que "la puissance de feu de Rhône-Alpes va apporter beaucoup" à sa région. Avec 7,7 millions d'habitants, la nouvelle entité sera presque aussi peuplée que la Catalogne et accédera au sixième rang européen par sa richesse (230 milliards d'euros de PIB). "Tout de suite, on a dit : 'va falloir aller à Lyon, c'est loin !'", raconte René Souchon. "Mais il n'y aura pas plus besoin d'aller à Lyon demain qu'aujourd'hui, ce sera encore moins nécessaire", grâce à la généralisation du numérique. Globalement, la fusion génèrera "plus d'efficacité, c'est sûr", estime le président auvergnat.
Président du Conseil général du Cantal, Vincent Descoeur (UMP) est, lui, plus sceptique : "Quelle sera la place du Cantal dans cette grande région ?" demande-t-il. Autre objection: un nouvel Hôtel de Région, d'un coût approchant les 70 millions d'euros, a été inauguré fin juin à Clermont-Ferrand, alors que Lyon devrait être le siège de la nouvelle entité.
Mais pour le président auvergnat, approuvé par son homologue rhônalpin, "le maintien des fonctions administratives et des personnels sur le site de Clermont-Ferrand ne se discute pas". Les directions Agriculture et Numérique, notamment, y seraient basées.
Comme les autres régions, Auvergne et Rhône-Alpes comptent peu de fonctionnaires : 400 et 1.400 agents respectivement (personnels non enseignants des lycées mis à part). En revanche, unifier les statuts des personnels constitue "un casse-tête épouvantable" et "va prendre des années", de l'aveu de MM. Queyranne et Souchon.