Une cinquantaine de personnes se sont réunies dans le calme ce dimanche après-midi à Kolbsheim pour rendre hommage à Rémi Fraisse, cet opposant au barrage de Sivens mort il y a une semaine lors d'une manifestation. Le rassemblement était organisé à l'appel d'Alsace nature devant la cabane anti-GCO
Barrage de Sivens : hommage sur le site, Royal critique la pertinence du projet
Plusieurs milliers de personnes se sont recueillies dimanche dans le calme en France en mémoire de Rémi Fraisse, mort sur le site du barrage contesté dans le Tarn, mais les forces de l'ordre tentaient de contenir une manifestation illégale dans l'est parisien, procédant à 66 arrestations. La ministre de l'Écologie Ségolène Royal a par ailleurs critiqué dimanche la pertinence du projet de barrage, estimant qu'il y avait eu dans ce dossier "manifestement une erreur d'appréciation" et qu'un "tel ouvrage ne serait plus possible aujourd'hui". Plusieurs rassemblements étaient organisés en France dimanche, une semaine jour pour jour après la mort du jeune manifestant de 21 ans, Rémi Fraisse, dans le Tarn. Le plus important s'est déroulé dans le calme et le recueillement sur le site du chantier lui-même où l'affluence n'a cessé de croître au fil des heures. Plus de 2.000 personnes de tous âges, -opposants occupant le chantier depuis des mois, sympathisants écologistes, riverains venus en famille avec enfants et poussettes, élus PCF ou Verts comme José Bové - ont marché sur une large bande de terrain déboisée et décapée et planté dans le sol des glands de chêne et des pousses d'arbre pour recréer la zone humide détruite.
Nombre d'entre eux arboraient un logo représentant une renoncule, une herbe vivace dont Rémi Fraisse assurait la coordination du suivi en tant que botaniste bénévole pour l'association Nature Midi-Pyrénées. Ils se sont ensuite recueillis à l'endroit où le jeune homme avait péri, mort dans l'explosion d'une grenade offensive lancée par les gendarmes selon les premiers résultats de l'enquête. Des bouquets de fleurs y avaient été disposés avec des éléments de flashball et de grenades utilisés par les gendarmes sur le site ces dernières semaines.
Rémi, "notre frère d'arbre"
A Paris, plusieurs centaines de personnes se sont également rassemblées dans le calme au Champ-de-mars. Au milieu du sit-in, un manifestant affublé d'un masque blanc arborait un panneau: "Rémi, notre frère d'arbre". Mais dans l'est de la capitale, les forces de l'ordre tentait de contenir quelque 300 personnes venues participer à une manifestation illégale, toujours en mémoire du jeune manifestant. Au moins 66 d'entre elles ont été interpellées aux abords et sur la place Stalingrad et les gendarmes mobiles ont fait usage de bombes de gaz lacrymogène lorsque les manifestants, qui tentaient de quitter la place, ont essayé de forcer le barrage.Certains des manifestants avaient "des marteaux, des pinces, des casques, des poings américains, des pétards et des engins incendiaires", a-t-on expliqué de source policière. Le gouvernement et la préfecture de Paris ne veulent de toute évidence pas revoir les images des deux rassemblements samedi de Nantes et de Toulouse qui ont dégénéré en affrontements violents entre une partie des manifestants et les forces de l'ordre. Au lendemain de ces débordements, 5 personnes étaient toujours en garde à vue à Nantes (sur 21 interpellées) et 16 (sur 16) à Toulouse.
A l'opposition initiale contre le projet du barrage de Sivens, "surdimensionné" et "coûteux" selon ses opposants, est venue se greffer une colère contre "les violences policières". En témoigne encore les slogans "police assassins" scandés dimanche dans l'est de Paris. Le Premier ministre Manuel Valls a condamné samedi "avec fermeté" ces violences, les qualifiant d'"insulte à la mémoire de Rémi Fraisse", tout comme le coprésident du groupe écologiste à l'Assemblée et député de Loire-Atlantique François de Rugy. "Continuer le projet de barrage, c'est ça qui serait une insulte à la mémoire de Rémi", estimait en retour Rémi Demonsant, 63 ans, retraité de l'Éducation nationale présent dans le cortège dans le Tarn, sur le site d'un chantier devenu "Zone à défendre" (ZAD) depuis près d'un an.
"Points de vue fort différents"
Le sort du barrage sera discuté cette semaine au ministère de l'Écologie où Mme Royal a convoqué une réunion avec les élus locaux mardi, avant de recevoir jeudi et vendredi les associations agricoles et de protection de l'environnement pour tenter "de faire converger des points de vue fort différents". "Les propos de la ministre de l'Écologie vont dans le bon sens en disant qu'aujourd'hui ce projet ne pourrait plus avoir lieu", a réagi à l'AFP l'eurodéputé José Bové.A Lisle-sur-Tarn près de Gaillac, le chantier, suspendu sine die vendredi, vise à créer une modeste retenue d'eau de 1,5 million de mètres cubes - pour un coût d'investissement de 8,4 millions d'euros - afin de sécuriser l'irrigation des cultures. Les opposants dénoncent depuis plusieurs années un projet "inutile" au coût financier et environnemental démesuré et reprochent au Conseil général du Tarn de ne pas en avoir étudié les alternatives. "Je crois que ce processus doit déboucher sur l'annulation de la déclaration d'utilité publique pour ce projet invraisemblable", a estimé M. Bové.