Une mère est morte après un accident d'anesthésie lors de son accouchement par césarienne au pôle maternité d'Orthez. On en sait un peu plus sur les circonstances du drame. Voici les dernières informations et réactions.
L'accident est survenu dans la nuit du 26 au 27 septembre lors de l'accouchement par césarienne d'une parturiente âgée de 28 ans. Victime d'un arrêt cardiaque, elle avait été transférée à l'hôpital de Pau, où elle est décédée. Son bébé est sain et sauf.
Convoquée devant les gendarmes, trois jours plus tard, l'anesthésiste, âgée de 45 ans, s'était présentée avec un taux d'alcool de 2,40 g/l de sang et a reconnu avoir "un problème pathologique d'alcool".
Elle a été mise en examen et placée en détention provisoire à la maison d'arrêt de Pau jeudi pour "homicide involontaire aggravé par la violation manifeste et délibérée d'une obligation de prudence et de sécurité", passible de cinq ans d'emprisonnement, selon le procureur de la République
de Pau Jean-Christophe Muller.
Il apparaît, au terme de l'enquête, deux séries de manquements :
- "les conditions dans lesquelles l'anesthésie s'est déroulée", où "l'utilisation des produits anesthésiants et de respiration artificielle semblent non conformes"
- le comportement du médecin "qui n'était pas dans son état normal durant l'intervention". L'équipe médicale présente ce soir-là "a constaté un comportement bizarre, sans savoir à quoi il se rattachait", a indiqué le procureur, citant "des difficultés d'expression, de compréhension et des problèmes de réactivité".
L'une des avocates du médecin, Me Florence Hegoburu, a mis en garde contre toute "conclusion hâtive". "Ma cliente assumera ses responsabilités par rapport aux faits qu'elle a reconnus, mais elle n'est pas seule responsable, il existe des zones d'ombre que l'enquête élucidera", a-t-elle lancé. Le père du médecin belge, lui-même gynécologue, s'est refusé à dire si sa fille souffrait d'une addiction à l'alcool. Il a en revanche assuré avoir travaillé avec elle "de longues années dans le même hôpital" et fait "ensemble des missions humanitaires en Afrique, il n'y a jamais eu de problèmes d'anesthésie".
Médecin libéral et clinique privée
L'anesthésiste avait été récemment recrutée et exerçait, à titre libéral, depuis le 12 septembre dans la clinique privée d'Orthez, voisine de la maternité publique.En vertu d'une convention signée entre la clinique, l'hôpital public et l'Agence régionale de santé (ARS), elle intervenait le soir de l'accident pour le compte de l'hôpital et sous sa responsabilité, a expliqué le directeur par intérim du Centre hospitalier d'Orthez, Serge Roulet. La convention "comprend en effet la location par l'hôpital à la clinique de la salle d'accouchement et d'un bloc opératoire dédié aux soins obstétriques".
Le médecin belge est anesthésiste depuis 1999. Elle avait notamment exercé lors de contrats courts en France, en Belgique et lors de missions de coopération, a indiqué le Parquet.
Fermeture possible de la maternité
Fermée depuis l'accident, la maternité d'Orthez était déjà en sursis. Une enquête sanitaire avait été lancée dès le 29 septembre. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a assuré qu'elle était bien distincte de la procédure engagée "de longue date" sur la possible fermeture de la maternité, liée à ses difficultés de recrutement."C'est dans ce contexte-là que ce vendredi, lors d'une réunion prévue de longue date, le directeur général de l'ARS sera amené à voir si d'autres perspectives que la fermeture sont envisageables", a-t-elle déclaré.
"Je ne me vois absolument pas rouvrir cette maternité, sachant que je serai obligé au 11 octobre, date limite, de constater que les conditions du côté des obstétriciens ne sont absolument pas remplies", avait toutefois déclaré jeudi matin le directeur de l'Agence régionale de santé (ARS) d'Aquitaine, Michel Laforcade, sur France Bleu Béarn.