Alain Rousset, président PS de la région Aquitaine/Limousin/Poitou-Charentes dénonce des impayés de 132 millions d'euros et des emprunts toxiques de l'ancienne région Poitou-Charentes. Jean-François Macaire lui a remis sa délégation aux finances.
"La situation est critiquable mais pas catastrophique"
Lundi 22 févrierBeaucoup de réactions et de commentaires suite aux déclarations dans la presse d'Alain Rousset dénonçant les dérives financières de l'ex-Poitou-Charentes. Ce lundi après-midi, Jean-François Macaire a rendu sa délégation aux finances : "Je ne me voyais pas assurer le service arès-vente du Poitou-Charentes et faire voter le budget global (de la nouvelle région)."
Un pavé dans la marre
Dans un entretien dans les quotidiens Sud Ouest et La Nouvelle République du Centre-Ouest (paru lundi matin), le président sortant de l'ex-Région Aquitaine déclarait avoir découvert dans les comptes de Poitou-Charentes, jusque-là également aux mains des socialistes, des impayés s'élevant à 132 millions d'euros, "62 millions en investissement et 70 millions en fonctionnement"."Dès que j'ai été prévenu de cette situation, j'ai donné ordre aux services de la résoudre au plus vite. A l'heure où je vous parle, 46 millions d'euros ont déjà été payés", précise Alain Rousset, qui prévoit que la totalité des factures seront soldées "dans deux ou trois semaines", "sans poser le moindre souci de trésorie".
Pour Alain Rousset, alors que la nouvelle grande région a aussi intégré le Limousin, il y a "un problème spécifique picto-charentais". Il évoque aussi "la multiplicité, sinon l'émiettement de toutes les actions qui ont été menées".
Selon le président de la grande région, l'ex-Poitou-Charentes souffre également d'"une faible capacité de désendettement ainsi que de 130 millions d'euros d'emprunts dit structurés, c'est-à-dire ces emprunts à taux faible, adossés à d'autres monnaies comme le franc suisse ou le yen et qui, selon la fluctuation de ces monnaies, peuvent exploser et devenir des emprunts toxiques".
Alain Rousset indique avoir d'ores et déjà relevé de ses fonctions le directeur des finances de la collectivité.
Ecoutez les explications d'Hélène Chauwin
Le Président Alain Rousset vient de découvrir que le budget de l'ex région picto charentaise est dans le rouge. Montant de l'ardoise : 132 millions d'euros. Les réactions recueillies par Hélène Chauwin avec nos confrères de France 3 Poitou-Charentes.
Jean-François Macaire sur la selette
Quant à son ancien président, le socialiste Jean-François Macaire, qui avait succédé à Ségolène Royal en 2014, nommé en janvier vice-président délégué aux finances de la grande Région, "c'est une situation évidemment gênante", souligne Alain Rousset. "Je pense qu'il est préoccupé, c'est le moins qu'on puisse dire. La question c'est de savoir s'il était totalement au courant", affirme Alain Rousset, ajoutant attendre que Jean-François Macaire, qui s'était présenté contre lui à la primaire socialiste avant les élections régionales, "prenne ses responsabilités".Le président de la nouvelle région annonce le lancement d'un audit global sur les trois anciennes régions pour "mettre en perspective l'harmonisation des politiques et remettre d'aplomb cette partie de la grande région".
Ségolène Royal en cause ?
Alain Rousset s'est toutefois refusé à mettre en cause la présidence de l'actuelle ministre de l'Ecologie: "Ségolène Royal a cédé la présidence de la Région depuis un bon bout de temps et il n'y a chez moi aucune arrière-pensée politique. Je réagis là uniquement en gestionnaire de l'argent public", assure-t-il.De son côté, le futur président de la commission des finances de la grande région, Olivier Chartier (Les Républicains), met en cause Ségolène Royal: "Tout ceci est le résultat de la gestion chaotique menée par Ségolène Royal, dit-il. Des investissements hasardeux faits loin des compétences de la Région et soi-disant placés sous le signe du volontarisme politique".