Les vêtements liturgiques "en tous points parfaits" du musée de la Visitation à Moulins

Une fois n’est pas coutume… Ce n’est pas le fruit du patient travail des Visitandines qui est mis en avant à Moulins, mais l'œuvre des professionnels de la broderie des 19e et 20e siècles. L'exposition temporaire est présentée jusqu'au 24 décembre 2014 à l'Hôtel de Moret.

Chaque année, le Musée de la Visitation à Moulins donne à découvrir les richesses de ses collections : des vêtements liturgiques brodés qui retracent l'évolution des modes et des techniques textiles... L’exposition "En tous points parfaits" présente 150 œuvres provenant de monastères de la Visitation en France et à l'étranger.

Au 18e siècle, pour confectionner ces chasubles, ces voiles, ces mitres et ces chapes, les brodeuses couchaient patiemment sur le tissu des fils d’or, d’argent et de soie. Gérard Picaut, fondateur du musée et commissaire de l'exposition explique qu’à partir du 19e, "il y a vraiment un commerce qui se crée, une production, des ventes, etc. Les sœurs reçoivent, héritent d’œuvres qui sont à la mode et qui ne correspondent plus à ce qu’elles auraient pu faire, à savoir : le répertoire floral".

La machine permet de broder plus vite et moins cher

Pour répondre à une demande très forte après la Révolution, les grandes maisons professionnelles d'Europe devaient fournir en quantité. Des catalogues proposaient leurs modèles,  leurs ateliers s'adaptaient aux moyens financiers et aux demandes de leurs clients. Et lorsque la machine à broder Cornely a fait son apparition en 1865, les techniques ont évolué. Les chasubliers-brodeurs ont alors pu décorer plus rapidement des vêtements liturgiques moins onéreux.

"Toute la particularité dans la technique ici, c’est vraiment ce travail de la broderie d’or, extrêmement précis ; alors qu’un fil métallique est un fil plutôt rigide, qui va avoir de la difficulté à se travailler", détaille Jean Foisselon, administrateur adjoint des collections du musée. Selon lui, cette particularité consiste à "faire un décor en carton qu’on va venir habiller peu à peu d’un fil d’or"…

L’avènement du style « cathédrale »

Le 19e siècle voit aussi l'arrivée de l'Art nouveau, de l'Art déco, et du Néogothique. Ce dernier est d'abord imaginé pour des jouets et des objets, et inspiré des décors médiévaux. "L’Eglise va s’emparer de ce style à la mode pour venir remplir des petites chapelles devenues reliquaires", commente Jean Foisselon. Le commissaire de l’exposition juge cet "ornement cathédrale" étonnant : la maison "L’Art catholique lyonnais", par exemple, copie les ogives et les arabesques du gothique pour remplir le décor, jusqu’à ressembler à "des ferronneries d’or"…

L'iconographie florale chère aux sœurs a ainsi laissé la place aux médaillons, aux fioritures et aux arabesques... mais restent toujours la soie, les fils d'or et d'argent. Les Visitandines brodent alors moins mais conservent avec soin, à l'abri de leurs couvents, ces pièces réalisées par les tisserands et les ateliers spécialisés. Elles les exposent aujourd'hui, au 21e siècle, perpétuant leur travail de transmission.

Exposition "En tous points parfaits"

jusqu'au 24 décembre 2014
Du mardi au samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h
Le dimanche et jours fériés de 15h à 18h
Adresse : Hôtel de Moret, 83 rue d’Allier à Moulins
Tél : 04 70 44 39 03

Plus d'informations sur le site du Musée de la Visitation