Entre flamboiement et retenue, entre paix intérieure et allégresse, Damien Guillon et son ensemble Le Banquet Céleste ont mis à l'honneur Vivaldi et Bach et en ont profité pour inviter le public de l'Eglise du Val-Vert à un voyage intime et spirituel d'une beauté magistrale.
On aurait pu imaginer l'association étrange, Bach et Vivaldi, à peu près autant que cette musique baroque jouée par l'ensemble du Banquet Céleste dans la très moderne Eglise du Val-Vert du Puy-en-Velay. La surprise n'en est finalement que plus belle. Car c'est à un moment magique que nous avons pu assisté dimanche soir. Un de ces concerts qui vous apaise profondément, vous fait oublier la virtuosité de la musique pour la laisser doucement entrer et couler en vous, de votre corps à votre esprit. Un de ces concerts dont vous ressortez éblouis et parfaitement heureux.
La veille, Damien Guillon, directeur du Banquet Céleste qui présentait déjà l'opéra Acis et Galatée, avait accepté de nous en dire un peu plus sur ce fameux programme du Nisi Dominus, ur cette association des deux compositeurs que l'on pourrait imaginer assez éloignés l'un de l'autre. Et pourtant, il tient à nous rassurer : "Effectivement, ils ne se connaissaient pas personnellement, mais ils connaissaient bien les œuvres des uns et des autres. La musique circulait beaucoup en Europe et Jean-Sébastien Bach a transcrit beaucoup de pièces de Vivaldi... Donc ce sont deux mondes un peu différents musicalement, mais qui sont en miroir dans ce concert."
De la ferveur du Nisi Dominus de Vivaldi à la paix intérieure de la Cantate BWV 170 "Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust" (Repos béni, félicité de l'âme), il n'y a effectivement qu'un pas que Damien Guillon et son Banquet Céleste nous ont permis de franchir allègrement, sans encombre. La musique est magnifique, et cela suffit. "Le Nisi Dominus de Vivaldi est une pièce assez flamboyante, une pièce de musique sacrée très concertante. Ensuite, nous jouons une pièce plus intérieure de Jean-Sébastien Bach, la Cantate 170 qu’il a écrite alors qu'il était en poste à Leipzig. C'est une pièce absolument magnifique sur le repos éternel, sur la montée au ciel car il y a toujours l'idée de la mort chez Jean-Sébastien Bach, mais qui est pleine d'espoir. C'est aussi une pièce très intime qui est vraiment d'une grande beauté."
Une beauté et une pureté rendues d'autant plus palpables par le côté très intime de la formation présentesur scène, où Damien Guillon assure à la fois le chant et la direction. "Être chanteur et chef, ce n'est pas si courant, mais on est dans un effectif d'orchestre qui est assez réduit : une dizaine de musiciens, où chaque musicien joue sa partition seul. Donc, c'est plutôt un regroupement de solistes instrumentistes qu'un orchestre. Moi je suis là en tant que chef pour coordonner un peu les répétitions, donner une ligne directrice musicale, mais je fais une grande confiance aux musiciens qui sont autour de moi et je ne dirige pas vraiment au sens du chef derrière son pupitre, à la baguette, parce que je suis occupé à chanter. C'est plus un esprit de musique de chambre qu'un rôle de chef comme je peux avoir dans un opéra par exemple."
Et finalement que ce soit dans son rôle de chef, de chanteur, ou les deux réunis, Damien Guillon réussit son pari : deux soirs d'affilée, c'est une véritable ovation qui a conclu ses concerts. Deux soirs d'affilée, dans deux registres très différents, ses interprétations tout en finesse ont permis au public présent d'avoir le sentiment de s'élever. Et c'est peut-être finalement ça, la plus grande réussite du Banquet Céleste : de permettre à ceux qui l'écoutent de partager le temps d'un instant un petit morceau de paradis.