En 1914, de jeunes garçons à peine sortis de l'adolescence, combattent sur le front belge. Leur combat pour Dixmude, un gros bourg situé dans les Flandres est héroïque. Ceux qu'on surnomme "les demoiselles aux pompons rouges" tiendront un mois avant de recevoir l'ordre de quitter la ville.
"Les demoiselles au pompons rouges". Ces marins, originaires de Lorient, Brest et Cherbourg, ont été baptisés ainsi en raison de leur très jeune âge et certainement pas en raison d'un manque de courage. Après Paris, ils se battent à Melle les 9, 10 et 11 octobre 1914. Le 15 octobre, à Dixmude, ils sont au nombre de 6500 pour combattre 40 000 allemands. Les cherbourgeois sont 1700. Leurs mission: arrêter l'ennemi sur l'Yser. Le duc de Wurtemberg tente d'y percer le front en direction de Furnes et Dunkerque.
" Sacrifiez-vous. Tenez au moins quatre jours ".
Beaucoup n'ont pas 18 ans. Engagés dans la marine à 16 ans, comme mousses, ils vont connaître leur baptême du feu, à terre, dans les plaines de Flandres. Ils reçoivent un ordre formel de l'amiral Ronarc'h qui les commande : "sacrifiez-vous, tenez au moins quatre jours". L'assaut allemand est donné à 16 heures, le 16 octobre 1914. Face à des troupes organisées et expérimentées, les jeunes marins s'affolent et gaspillent leurs munitions. Plus de 200 000 cartouches sont tirées dans la nuit. Un matelot de Morlaix raconte " les balles pleuvaient autour de nous(...)Vers le milieu de la nuit, un tout jeune soldat qui assurait le ravitaillement en munitions vint se mettre près de moi. Par la commotion nerveuse, il sanglotait, mais remplissait quand même sa musette de cartouches.Instinctivement, nous nous regardions sans rien dire, tirant toujours sans discontinuer, nous tînmes bon toute la nuit, et l'ennemi dût se replier"
"Ici, il ne fait ni jour, ni nuit, il fait rouge."
Les combats sont sanglants. Chaque seconde, deux obus allemands tombent. Un correspondant du Daily Télégraph écrit: "ici, il ne fait ni jour, ni nuit, il fait rouge." Les renforts belges, français et de tirailleurs sénégalais n'y font rien. Les affrontements sont terribles et se terminent au corps à corps, à la baïonnette. Les "demoiselles au pompons rouges" auront tenu trois semaines, en opposant une formidable résistance. Le 10 novembre 1914, la ville est aux mains des allemands. Les pertes sont évaluées à 6500 hommes: l'effectif total de départ de la brigade Ronarc'h. Seuls les renforts ont permis de maintenir l'unité au front. Dixmude est tombée mais à quel prix! Du côté de l'ennemi, 10 000 soldats sont morts sur le champ de bataille.
Un drapeau symbole
L'unité n'avait pas de drapeau. En janvier 1915, Raymond Poincaré, président de la République, remet à la ville de Lorient un drapeau portant l'inscription "République Française-régiment de Marins." Cet article a été écrit avec pour source l'ouvrage intitulé "les demoiselles aux pompons rouges" de Benjamin Massieu aux éditions Pierre de Taillac. L'auteur était l'invité de notre journal ce samedi 15 novembre. Écoutez-le