Le frelon asiatique, grand prédateur des abeilles, est largement implanté en France. Dix ans après son arrivée, on en trouve de plus en plus. Mais, les chercheurs travaillent sur un modèle inédit de piège qui pourrait être bientôt prêt.
Dans quelles régions trouve-t-on le frelon asiatique ?
C’est au milieu de l’été que la traque des nids de frelons bat son plein, quand les colonies approchent de leur apogée. De plus en plus de régions sont confrontées à la présence de cet insecte, dont le nom scientifique est Vespa Velutina Nigrithorax. Le frelon est arrivé en France via le Lot-et-Garonne, en tant que passager clandestin caché dans des poteries importées de Chine. Il y a quelques mois, des nids ont été repérés en Côte d’Or.Vespa Velutina Nigrithorax est classé "espèce exotique, envahissante et nuisible à l'apiculture" depuis 2012, ce qui a justifié une dérogation fin 2013 pour l'usage du controversé dioxyde de soufre.
Aujourd’hui, le frelon a colonisé plus de 60% de l’Hexagone. Il a aussi été signalé en Espagne, au Portugal, en Italie et ponctuellement en Belgique. Sa population avance soit par "bourgeonnement" classique, avec un front progressant de 60-70 km par an, soit par "sauts de puce", aidé fortuitement par l'homme.
Pourquoi le frelon est-il un danger pour la biodiversité ?
Pour la communauté scientifique, le frelon asiatique est en "phase d'explosion", au détriment d'espèces autochtones, ce par quoi passe toute "espèce invasive quand elle trouve un environnement adéquat", résume Eric Darrouzet, biologiste à l'Institut de Recherche sur la Biologie de l'Insecte (IRBI) de Tours, en Indre-et-Loire."Il est bien implanté, il est en train d'entraîner des problèmes", et pas seulement pour l'abeille domestique, dont il est friand (jusqu'à 50-60% de son menu), ajoute le scientifique.
Le frelon est un prédateur adaptable, il se nourrit de toutes sortes d'insectes, guêpes, diptères, coléoptères, qui sont des pollinisateurs sauvages, "donc il peut survivre quasiment partout", relève Franck Muller, chargé de recherches "frelon" au Museum d'Histoire naturelle. "On a énormément parlé de l'impact du frelon sur l'abeille et on a un peu oublié de s'intéresser à son impact sur la biodiversité."
Quelles sont les armes disponibles contre ce prédateur ?
De nombreuses armes ont été testées contre cet envahisseur.L’une des plus efficaces est la canne télescopique équipée d'un insecticide. D'autres ont eu des résultats remarqués, à l'instar de Francis Ithurburu, apiculteur amateur à Biscarrosse, dans les Landes, qui utilise de jeunes poulets friands de frelons asiatiques.Un certain alarmisme a provoqué "quelque chose dans l'inconscient collectif qui n'a pas été très bon, amenant à des décisions absurdes" comme le piégeage généralisé de printemps (avec décoctions sucrées dans une bouteille), pas forcément efficace sur les reines et surtout meurtrier pour d'autres spécimens "non ciblés", dans un rapport de 1 à 100 voire 1.000, poursuit le chercheur.
Actuellement, les chercheurs mettent beaucoup d’espoirs dans les progrès du piégeage. L’Institut de Recherche sur la Biologie de l'Insecte teste un modèle de piège 100% sélectif pour les frelons asiatiques uniquement. Ce piège inédit pourrait être prêt pour 2015.