Rémy Baranger, un patron pêcheur de Loctudy dans le Finistère, nous a fait parvenir les vidéos qu'il a prises ces derniers jours à bord de son chalutier, le Phénix 1. Des images de la mer en furie, où pêcher peut devenir risqué.
Des tempêtes et des conditions de mer musclées, Rémy Baranger en a affrontées mainte et mainte fois depuis 18 ans qu'il est patron pêcheur à Loctudy dans le Finistère.
14 jours de mer en furie
Mais sa dernière campagne de pêche restera gravée à tout jamais dans son esprit et dans la mémoire de son équipage. Parti de Loctudy le 1er février, le Phénix 1 est rentré jeudi dernier, le 13 février. 14 jours au coeur des tempêtes qui ont balayé l'Atlantique nord ces dernières semaines. 14 jours où l'équipage a été ballotté par la houle au gré des vents."On a profité d'une fenêtre météo pour partir le 1er février, alors que tout les autres rentraient ". Arrivés sur le secteur de pêche, à mi-chemin entre le sud de l'Irlande et les Iles Scilly (à l'est des Cornouailles anglaises), le Phénix 1 rencontre des conditions de mer très difficiles. C'est d'ailleurs dans une zone de pêche toute proche et cette même nuit (du 1er au 2 février) que le Sillon, un chalutier du Guilvinec sera victime d'une vague scélérate. Les six marins pêcheurs du Sillon abandonneront leur bateau et seront hélitreuillés puis récupérés par les secours anglais.
Un jour de pêche sur deux
Des mers démontées, l'équipage du Phénix 1 en a déjà bravé à de multiples occasions. Mais ce qui a surtout marqué ces professionnels de la pêche, c'est la puissance des vents rencontrés ces derniers jours. "Des crêtes de vents que l'on a pas l'habitude de voir". Des rafales qui font que dans cette zone où il n'y a pas de "très haut fonds et où la mer est moins formée", la houle devient terrible. Des vents à 50, 60 noeuds avec des pointes à plus de 85 noeuds, comme le montre l'anémomètre du chalutier dans la vidéo tournée par le patron pêcheur. Une mer en furie qui fait que ces marins chevronnés ont parfois eu peur :"On s'est pris deux sérieux paquets. Ca aurait pu casser". "Certains de mes gars m'ont dit qu'il n'avait jamais vu cela". "Ce sont des conditions que l'on ne voit qu'une fois dans sa vie" raconte Rémy Baranger.
Dans ces très mauvaises conditions de mer, la pêche ne s'est effectuée qu'un jour sur deux en moyenne afin de ne pas prendre trop de risques "quand la mer devient dantesque". L'équipage a beau être aguerri et le bateau conçu pour supporter des conditions extrêmes, "nous ne sommes pas pour autant des têtes brûlées" tient à préciser le breton, et même "si l'on sait que vu le peu de poisson disponible à la vente, celui que l'on ramènera coûtera deux fois plus cher".
Dans ces images que Rémy Baranger a tourné la semaine dernière, vous chavirerez en voyant les creux dans lesquels le chalutier s'enfonce. Ces vidéos ont été prises de l'intérieur de la passerelle et de l'arrière du bateau. Ce ne sont pas les pires conditions que le Phénix 1 ait eu à supporter. Dans les situations de mer extrême, le patron pêcheur ne pouvait faire autrement que d'être à la barre pour manoeuvrer son bateau.