Le Tribunal administratif de Rennes a ordonné le retrait du domaine public d'un monument à Jean Paul II, érigé sur une place de la ville de Ploërmel et en contradiction avec la loi de séparation des Églises et de l'Etat.
"La statue du pape Jean Paul II érigée en 2006 sur une place publique de la commune de Ploërmel est entourée d'une arche surplombée d'une croix, symbole de la religion chrétienne, qui, par sa disposition et ses dimensions, présente un caractère ostentatoire", fait valoir le tribunal, soulignant que le monument contrevient ainsi aux dispositions de la Constitution et de la loi de 1905."Ce jugement implique nécessairement que le monument dédié au pape Jean Paul II, tel qu'il est installé à Ploërmel, soit retiré de son emplacement actuel", poursuit le tribunal, dans sa décision prise en délibéré jeudi 30 avril et dont l'AFP a eu copie. Il donne six mois à la commune morbihannaise pour s'y conformer. Le tribunal a estimé, suivant en cela les conclusions du rapporteur public, que l'édification de la statue en elle-même n'était pas contraire à la loi, mais que sa disposition sous une arche surmontée d'une croix monumentale, d'une hauteur de 8 mètres au total, en revanche l'était.
Une victoire pour la Fédération de la libre pensée
Dans un communiqué, la Fédération de la libre pensée, à l'origine, avec deux habitants de Ploërmel, de la requête devant l'instance administrative, s'est félicitée de cette "nouvelle victoire". A la fin de l'année dernière, l'association laïque avait obtenu, au nom de son action pour "la défense inconditionnelle" de la loi de 1905, le retrait de plusieurs crèches chrétiennes de lieux publics. "La mairie a envie de faire appel de ce jugement auprès de la cour d'appel administrative de Nantes", a réagi le maire Patrick Le Diffon (UMP) qui a affirmé n'être "pas surpris" par cette décision. "Nous allons également demander un sursis à exécution", a précisé à l'AFP M. Le Diffon qui entend "épuiser tous les recours juridiques possibles". "J'ai bien compris que c'est l'arche et la croix au-dessus qui sont jugées ostentatoires, et que les retirer pourrait être suffisant, mais je ne peux pas le faire sans le consentement de l'artiste", a-t-il encore déclaré. Il rappelle que cette statue fait partie du paysage de la ville.Depuis son installation sur une place rebaptisée "Saint Jean Paul II", le monument en hommage au pape décédé en 2005, oeuvre de l'artiste russe Zurab Tseretli qui
l'a cédé à la ville, n'a cessé d'alimenter les polémiques. Déjà en janvier 2010, le tribunal administratif de Rennes avait déclaré illégale, pour les mêmes raisons, une subvention de 4.500 euros versée en 2006 par le Conseil général du Morbihan. Les opposants dénonçaient à l'époque le recours à des fonds publics, dont ceux du département, pour le financement du socle de la statue, sur lequel figure la phrase de Jean Paul II "n'ayez pas peur", et la cérémonie d'inauguration (30.000 euros).