Stéphane Brélivet, éleveur de porcs dans le Finistère, membre de la Confédération paysanne, dénonce les mensonges de la FNSEA, "le syndicat du désespoir" dans un article du HuffingtonPost. Un autre point de vue que celui défendu dans la manifestation du jour.
Sur les réseaux sociaux, les messages d'opposition à la FNSEA sont de plus en plus nombreux à s'exprimer. Stéphane Brélivet, éleveur de la Confédération paysanne, lui ne mâche pas ses mots dans un article publié dans le Huffington Post, il explique que pour sortir de la crise et sauver l'élevage, la FNSEA demande 3 milliards d'euros "Elle vous ment. Elle prend les éleveurs pour des ânes et les consommateurs pour des pigeons". et il argumente son propos en cinq points, à partir de l'exemple breton.
Les FDSEA de Bretagne ne défendent pas l'emploi mais la "productivité"
Selon Stéphane Brélivet, les FDSEA prônent une réorganisation et un regroupement des exploitations pour sortir de la crise. Une réduction du nombre d'élevages qui permettrait une hausse de la productivité. "Ce que demande la FNSEA, c'est que le tiers des manifestants d'aujourd'hui ne soient plus éleveurs en 2020" insiste t-il.
Stéphanie Pasgrimaud et Philippe Queroux sont allé à la rencontre du porte-parole du Morbihan de la Confédération Paysanne :
Trois milliards pour sauver l'élevage, c'est donner de la confiture à des cochons
Et l'éleveur de la Confédération paysanne poursuit sa démonstration, en dénonçant le gâchis de demander 3 milliards pour sauver l'élevage, alors que le syndicat majoritaire défend un regroupement des exploitations et leur réduction "3 milliards d'euros pour arriver au même résultat qu'en ne faisant rien, si ce n'est pas du gaspillage". Et il enfonce le clou :"En fait, ce que demande la FNSEA, c'est 3 milliards d'euros pour modifier les règles du jeu et tuer des exploitations qui survivraient sans cela et mettraient en péril le modèle qu'elle défend".
Les FDSEA bretonnes ne défendent pas la qualité à la française mais une diminution des normes pour développer leur "vocation exportatrice"
Moins de normes, moins de réglementations, de lourdeur administratives, ce sont des slogans entendus et relevés dans les manifestations, "en d'autres mots, les FDSEA de Bretagne veulent que les produits d'élevage de demain soient moins exigeants à produire que ceux d'aujourd'hui".
Selon Stéphane Brélivet, la demande en viande porcs de qualité n'est pas satisfaite en France, une production qui serait pourtant plus rémunératrice. Les FDSEA au lieu de répondre à cette demande de qualité, préfèrent demander aux consommateurs de payer plus cher, afin de pouvoir produire davantage et exporter le surplus moins cher. "Attention, prévient-il, ne prenons pas nos clients les plus naturels et les plus solvables pour des pigeons".
Les FDSEA de Bretagne répètent les même demandes, comme si le monde n'avait pas changé depuis les années 1970
L'éleveur finistérien remet en cause les postulats des FDSEA selon lesquels "la demande mondiale est en hausse, nous allons produire plus pour la satisfaire". Pour lui si la demande mondiale en porc et en lait est effectivement en hausse, il y a d'autres questions à se poser aujourd'hui "Quel prix ces nouveaux consommateurs sont-ils prêts à payer et qui sont nos concurrents pour les satisfaire?
L'alternative, c'est donner la priorité à l'emploi agricole et à l'autosuffisance alimentaire
L'éleveur continue sa démonstration en mettant en avant les valeurs défendues par la Confédération paysanne : à son sens, "le marché européen suffit à rémunérer tous les éleveurs de 2015, inutile de dépenser 3 milliards pour le plan social le plus cher de l'histoire de France !" et si l'exportation en dehors de l'Europe peut exister "elle ne doit pas devenir indispensable pour des produits sur lequel il existe des concurrents plus forts que nous". Pour lui il faut avant tout savoir écouter la demande des consommateurs, et c'est comme cela que les agriculteurs gagneront des clients prêts à payer leurs produits à un prix couvrant le coût de revient.
"Asseyons-nous sur le désespoir et retrouvons l'espoir, l'avenir peut être radieux pour l'élevage"
Rappelons que la Confédération paysanne qui n'appelait pas à la manifestation à Paris de ce jeudi, sera en action à Bruxelles le 7 septembre, avec d'autres syndicats européens.