La LPO réclame 400 000 euros à Total après une pollution de la Loire en 2008

La Ligue de protection des oiseaux (LPO) a demandé vendredi devant la cour d'appel de Rennes que Total lui verse 400 000 euros au titre du préjudice écologique subi en 2008 lors de la pollution de l'estuaire de la Loire après une fuite de fioul.

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En janvier 2012, Total avait été condamné à Saint-Nazaire à 300 000 euros d'amende, versés à 21 parties civiles, pour une fuite de 500 m3 de fioul lourd, dont 180 s'étaient retrouvés dans l'écosystème très fragile de l'estuaire de la Loire, lors du ravitaillement d'un navire le 16 mars 2008 à la raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique).

Préjudice matériel reconnu mais pas d'indemnisation

Le tribunal avait reconnu le préjudice matériel et moral subi par les associations mais pas le préjudice écologique. En septembre 2013, la cour d'appel de Rennes avait reconnu le droit aux associations de se porter partie civile au nom d'un préjudice écologique, dont le bénéfice était jusqu'alors réservé à l'État ou aux collectivités locales. Mais la cour d'appel n'avait pas condamné Total à indemniser la LPO qui, selon elle, n'avait pas "apporté la preuve de son préjudice", en raison d'une méthode de chiffrage, "insuffisante et inadaptée"En mars 2016, la Cour de cassation a annulé cette dernière décision, jugeant que la cour devait fixer une indemnisation pour la LPO. Le dossier avait été renvoyé devant la cour d'appel de Rennes sur ce seul point.

Des dizaines de milliers d'oiseaux mazoutés

L'avocat de la LPO, Emmanuel Cuiec, a regretté vendredi que Total ait "tenté de minimiser" cette "pollution extrêmement importante de l'estuaire de la Loire" qui s'est étendue jusqu'à l'île de Ré, où ont été retrouvées des galettes de fioul.
Il a même accusé le groupe pétrolier d'avoir "caché les oiseaux qui était morts ou allaient mourir" sur les 80 kilomètres de berges, une "zone de non-droit" où "il s'occupait de tout"Dénonçant des "dizaines de milliers d'oiseaux détruits" et un "immense impact sur le milieu" durant deux ans, l'avocat a de nouveau réclamé 400 000 euros de dommages-intérêts.

L'avocat de Total, Jean-Benoît Lhomme, a rejeté ces "caricatures visant à dire Total cache, Total minimise". "On ne conteste pas qu'il y ait eu des oiseaux impactés", a-t-il plaidé, mais "l'écosystème est revenu à son niveau normal au bout de deux ans et l'impact n'a été que limité." Il a demandé à la cour de réévaluer "les sommes ahurissantes demandées sans aucun fondement par la LPO". 

La décision sera rendue le 9 décembre.
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