Guidel : Bayrou tend la main à l'UDI pour un "rassemblement" du centre

Le président du MoDem François Bayrou a ouvert la porte dimanche à un rassemblement d'une partie de la famille centriste, en tendant la main à l'UDI qui promet de s'émanciper de son alliance avec la droite.

Le sujet, sensible, n'a été abordé qu'en toute fin de la longue allocution de clôture de François Bayrou, lors de l'université de rentrée du MoDem à Guidel (Morbihan). 

"Je suis tout à fait prêt à examiner toutes les possibilités de rassemblement, sous quelque forme que ce soit, du moment que l'indépendance devient le gage de l'unité", a lancé François Bayrou,


devant une salle au départ un brin dubitative voire moqueuse à l'évocation du frère ennemi, l'Union des indépendants. Le patron du MoDem réagissait ainsi à la déclaration du président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde, qui a estimé dans le Journal du Dimanche que l'alliance avec LR "n'est plus une obligation". "Une déclaration qui mérite qu'on s'y arrête une seconde", a commenté François Bayrou, car le député de Seine-Saint-Denis "a dit: plus jamais nous ne serons des supplétifs".

"La mission qui est la mienne est de saisir les balles au bond", a enchaîné le maire de Pau.


"Si vraiment la déclaration est fondée, si vraiment il a décidé qu'ils ne seraient plus des supplétifs contrairement au choix qu'il a fait de manière continue pendant des années et des années, si vraiment il a décidé de se mettre en marche lui aussi sur la route de l'indépendance, alors il faut que nous en tirions des conclusions", a encore insisté le président fondateur du MoDem depuis 2007.

Afin de rassurer ses troupes, François Bayrou a promis n'avoir "rien oublié" des dissensions passées. "J'ai de la mémoire", a-t-il glissé, en rappelant qu'"un certain nombre de ceux qui étaient avec nous sont partis à l'UMP contre mon avis, contre mon gré (en 2010, ndlr). D'autres ont constitué cette fédération qui s'appelle UDI (en 2012, ndlr)".

"Mais je crois que ce qui nous rassemble est de très loin plus important que ce qui nous sépare du point de vue des idées, des aspirations, peut-être de la manière dont il faut se comporter", a-t-il relevé.


"Indépendance" et "unité"

François Bayrou a toutefois conditionné tout rapprochement à un respect absolu de "l'indépendance" et de "l'unité". "Nous n'abandonnerons rien de nos convictions. Mais ceci est peut-être une nouvelle manière de servir la France", a-t-il souligné.

"Si cette chance est offerte, je promets que nous ne la laisserons pas passer. Le choix du rassemblement doit être sur notre agenda", a encore martelé le président du MoDem à la fin de son allocution, rejoignant ainsi les propos de Jean-Christophe Lagarde, qui avait pris ses distances avec François Fillon durant la campagne présidentielle.

"À partir de l'UDI, je souhaite que nous construisions une force politique nouvelle, rassemblant le centre et la droite progressiste. D'ici aux européennes, nous avons deux ans pour gagner une autonomie complète et rassembler ceux qui ne partagent pas la dérive d'une droite se recroquevillant sur sa fraction la plus nationaliste, conservatrice, et frileuse", a déclaré Jean-Christophe Lagarde dans le JDD.


Une recomposition du paysage politique

Ce rapprochement marquerait une nouvelle étape de recomposition du paysage politique qui a vu, parallèlement à l'émergence de la République en marche, le MoDem occuper soudainement un rôle éminent, avec 47 députés et deux places au gouvernement. Morcelé en de nombreuses chapelles, le centre est déjà rassemblé au Sénat, dans le groupe Union centriste, qui a voté récemment le soutien au gouvernement d'Edouard Philippe.

Au chapitre politique, université du MoDem, le parti centriste de François Bayrou, à Guidel dans le Morbihan. François Bayrou toujours satisfait de son alliance avec La République en Marche...même s'il n'a pas manqué d'émettre quelques critiques. / Intervenants : François Bayrou, président du MoDem - Brigitte, militante au MoDem - Jimmy Pahun, député apparenté MoDem

Néanmoins, il faudra mettre sous le tapis certaines vieilles rancoeurs personnelles, fruits d'années de désaccords entre les appareils de ces partis. "S'ils veulent un pôle progressiste, il faut que certains (UDI) progressent", raillait encore dimanche un cadre du MoDem, en soulignant "la permanence d'alliances avec LR" chez quelques élus.

Également situés au centre de l'échiquier politique, le Parti radical de gauche et le Parti radical ont déjà entamé de leur côté un rapprochement qui doit être entériné en décembre avec l'ambition de créer un "grand parti humaniste", dont le nom reste à trouver.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité