Le petit village de Brachay (60 habitants) est en effervescence de samedi à l’occasion de la venue du leader du Front National. Marine Le Pen se présente comme "capitaine" prêt à gouverner la France
Le choix de ce lieu n’est pas anodin, Marine Le Pen a fait de ce petit village une vitrine du FN. Aux présidentielles de 2012, le parti avait obtenu son meilleure score avec 72% des votes.
L'an dernier, 750 fidèles avaient écouté le discours de la présidente du Front National. Ce samedi, on compte près de 2.000 personnes.
Mme Le Pen a assuré que le parti d'extrême droite qu'elle préside était "prêt à assumer toutes les responsabilités que le peuple nous confiera". Alors que l'UMP semble redouter une cohabitation en cas de dissolution --une éventualité rejetée par Manuel Valls-- et de victoire aux législatives qui suivraient, la patronne du FN a fustigé ce "discours tacticien".
Si le peuple nous donne à l'Assemblée nationale une majorité pour gouverner, eh bien nous gouvernerons !"
Marine Le Pen
"Je suis d'une trempe suffisamment solide pour ne pas reculer devant les dangers et les épreuves" a-t-elle encore assuré. Elle a brossé le portrait de la dirigeante qu'elle serait si elle parvenait à l'Élysée : "Je ne mentirais pas aux Français, ni avant, ni après mon élection (...), pas comme François Hollande sur le chômage ou Nicolas Sarkozy sur l'insécurité." Engagée dans une nouvelle opération crédibilisation, après le succès électoral des européennes, Marine Le Pen a confirmé le lancement prochain de nouveaux "collectifs", après ceux consacrés aux enseignants et aux étudiants, afin de tenter de "pénétrer au plus près de la société civile", et prévenu qu'elle poursuivrait de ses critiques sans "aucun répit", le gouvernement dans les prochains mois.
L'enjeu est de taille : si selon un sondage CSA-Atlantico de samedi, 39% des Français sont "souvent d'accord" avec ses prises de position, seuls 27% lui reconnaissent "l'étoffe d'un président". Dans les enquêtes d'opinion, bien qu'elle oscille autour des 30% des opinions favorables sur son "action", elle fait toujours face à une forte opposition structurelle.
Le petit village de Brachay (60 habitants) est en effervescence de samedi à l’occasion de la venue du leader du Front National. Marine Le Pen se présente comme "capitaine" prêt à gouverner la France
"L'immense pouvoir" des Français
Juchée sur une estrade, devant des drapeaux bleu-blanc-rouge et des banderoles comme "FN Premier parti de France" ou "Marine on t'aime", la fille de Jean-Marie Le Pen a exhorté ses partisans à prendre leurs "responsabilités" : "Chacun doit se poser la question de la part qu'il peut prendre au redressement de la nation". Arguant de son courage, qualité qu'elle ne reconnaît pas à ses adversaires, elle a mis en garde ceux qui seraient séduits par ses idées: "Sans le courage du peuple, point de chef courageux. Sans chef courageux, point de changement salutaire. Prends conscience, peuple de France, de l'immense pouvoir que tu détiens", a-t-elle lancé, se voulant lyrique.L'eurodéputée en a profité pour éreinter "le banquier d'affaires" Emmanuel Macron, nouveau ministre de l'Economie, et la nouvelle ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem qui n'a selon elle "aucune compétence" pour ce poste, avant de finir son discours sous les appels à la "démission" de François Hollande lancés par ses partisans.
Elle n'a revanche abordé les sénatoriales de fin septembre que d'une phrase, alors que le FN ne nourrit que des espoirs modérés d'envoyer l'un des siens au Palais du Luxembourg.