Touraine et l'IRSN rejettent une étude concluant à un effet Tchernobyl en Corse

La ministre de la Santé Marisol Touraine a jugé mardi non concluante une récente étude italienne qui fait état d'une forte augmentation des maladies de la thyroïde, dont des cancers, en Corse après le passage du nuage radioactif de Tchernobyl en 1986.

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"Les études montrent de façon générale que, depuis une trentaine d'années, on assiste dans l'ensemble des pays développés à une augmentation du nombre de personnes atteintes par des cancers de la thyroïde", a déclaré Mme Touraine, lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

"L'étude italienne ne permet pas aujourd'hui selon ses données méthodologiques d'établir un lien de cause à effet plus direct entre le nuage de Tchernobyl et le développement de ces cancers", a-t-elle ajouté.

L'étude, menée par 25 chercheurs et dirigée par le professeur Paolo Cremonesin de l'hôpital Galliera de Gênes, a été commandée par la Collectivité territoriale de Corse et présentée début juillet à Ajaccio.

Elle conclut que le nombre de cancers de la thyroïde a augmenté de 28,29% chez les hommes en Corse après le passage du nuage radioactif (pas de chiffre significatif chez les femmes), et note une hausse des thyroïdites (inflammation de la glande thyroïde) de 55,33% chez les femmes et de 78,28% chez les hommes.

Elle a été effectuée sur la base de 14.000 dossiers médicaux archivés et plus particulièrement sur 5.500 dossiers "complets" concernant des patients ayant consulté avant et après l'accident de la centrale nucléaire ukrainienne du 26 avril 1986.

La présidente de la commission Tchernobyl de l'Assemblée de Corse, Josette Risterucci, avait estimé que cette enquête allait notamment permettre à des associations de patients de demander réparation en justice, alors que les autorités françaises avaient nié tout effet du passage du nuage radioactif sur la France.

"Le nuage de Tchernobyl, qui a fait couler beaucoup d'encre, fait partie de ces événements pour lesquels il est difficile aujourd'hui de mesurer l'impact réel, malgré les études nombreuses qui ont pu être réalisées depuis", a déclaré Marisol Touraine.



L'IRSN (sûreté nucléaire) démolit l'étude sur l'effet Tchernobyl en Corse

Pour sa part, l'IRSN, organisme public chargé de l'expertise sur les risques nucléaires, a vivement critiqué et rejeté mercredi les résultats de l' étude italienne concluant à une forte hausse des maladies de la thyroïde en Corse après le passage du nuage radioactif de Tchernobyl en 1986.

Selon les experts de l'IRSN, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, "les données de base utilisées dans les trois études et les méthodes
d'analyse  paraissent approximatives et mal décrites".

L'Institut ne nie pas le bien fondé d'une telle étude alors que "la Corse est parmi les territoires français les plus impactés par les retombées de l'accident de Tchernobyl" et que "l'incidence des cancers de la thyroïde en Corse semble être parmi les plus élevés de France".

Mais l'analyse du rapport italien "fait apparaître des limites majeures" au sujet notamment des données utilisées, de l'analyse statistique et de l'interprétation des résultats, selon l'IRSN.

"Par rapport à notre expérience, la réalisation de telles études dans un délai aussi court ne peut permettre le degré de qualité nécessaire à de bonnes études épidémiologiques", estime-t-il encore dans son avis.

L'organisme public prend d'ailleurs le contrepied des conclusions italiennes pour estimer que "sur la base des estimations de doses réalisées en 2002 par l'IRSN, et en l'état actuel des connaissances sur les effets des expositions aux rayonnements ionisants, on ne s'attend pas à ce que les retombées de Tchernobyl puissent entraîner une augmentation observable de la fréquence de certaines pathologies en Corse".

La ministre de la Santé Marisol Touraine avait elle-même jugé mardi non-concluante cette étude qui "ne permet pas aujourd'hui, selon ses données méthodologiques, d'établir un lien de cause à effet plus direct entre le nuage de Tchernobyl et le développement de ces cancers".

 

Enquête, tribune, polémique et désinformation
La tribune de Jérôme Quirant, enseignant-chercheur, et Nicolas Gauvrit,  psychologue mathématicien, publiée dans le site Rue 89 le 16 juillet dernier avait engagé la polémique en critiquant la méthodologie de l'enquête commandée par la collectivité de Corse..
Elle s'intitule: Tchernobyl : la désinformation rebondit en Corse.

Pour en savoir plus, consulter le rapport final relatif à l'enquête épidémiologique rétroactive concernant les conséquences du nuage de Tchernobyl sur les populations de Corse sur le site officiel de la Collectivité territoriale de Corse.
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