PADDUC: l'Assemblée de Corse adopte son plan d'aménagement et de développement durable

L'Assemblée de Corse a adopté samedi matin un Plan d'aménagement et de développement durable pour la Corse (PADDUC), destiné notamment à enrayer la bétonisation de l'île sous la pression de la spéculation foncière et immobilière.

Peu avant 4h samedi, le PADDUC a été adopté au terme de 48 heures de débats par les 38 voix (sur 51) de la majorité de gauche, moins une, et des nationalistes. L'une des 24 élus de gauche a voté contre. Les 12 élus de droite, qui avaient renoncé à participer aux débats vendredi après-midi, n'ont pas voté.

Le vote est intervenu au terme d'âpres négociations sur 167 amendements présentés sur ce document de 3.000 pages sur l'aménagement et de développement économique et social de l'île pour les prochaines décennies.

Les discussions ont longtemps achoppé sur les exigences des 15 élus nationalistes concernant trois points essentiels acquis lors du vote du projet de texte en janvier, mais qui ne figuraient plus  dans la version définitive du document.

Il s'agissait de la mention du "peuple corse" comme destinataire du plan, de la préservation des Zones naturelles d'intérêt écologique, floristique et faunistique (ZNIEFF) et de la protection des espaces agricoles.

Paul-Marie Bartoli, président de l'Office des transports et maire de Propriano, Aline Castellani, Gauche républicaine, Paul Giacobbi, président du Conseil Executif de Corse. EQUIPE: Pierre Simonpoli, Laura laure Galy, Christelle Nicolas, Marie-Hélène Folacci


Cheville ouvrière du plan, la conseillère exécutive de gauche chargée du PADDUC Maria Guidicelli, a inlassablement convaincu les élus de la validité de concepts comme les "espaces mutables" près des zones urbaines pouvant devenir constructibles.

Les nationalistes sont demeurés fermement opposés à ce changement d'affectation concernant quelque 4.000 hectares de terres agricoles. La droite, qui a qualifié les débats de "mascarade", a dénoncé le caractère "trop protectionniste et restrictif" du document. Elle s'est finalement retirée, accusant l'exécutif territorial et les nationalistes de "collusion".

La mention de "peuple corse" et la sanctuarisation des espaces agricoles ont finalement été adoptées.

10% des 4.000 hectares agricoles contenus dans les "espaces mutables" ont toutefois été sacrifiés, mais à la condition que la constructibilité soit justifiée par un projet d'utilité publique et qu'aucun autre terrain ne puisse convenir.

Maria Guidicelli, conseillère executive en charge du PADDUC; Gilles Simeoni, Femu a Corsica; Josepha Giacometti, Corsica Libera; Stephanie Grimaldi, Rassembler pour la Corse. EQUIPE: Pierre Simonpoli, Laura-laure Galy, Marie Hélène Folacci

"Historique" 

Les nationalistes, qui ont notamment dénoncé les obstacles posés par l'Etat, n'ont pas obtenu l'inconstructibilité des ZNIEFF. Mais ils sont parvenus à un renforcement de la protection de ces zones.

Cette concession devrait permettre de bloquer certains grands projets immobiliers emblématiques sur certaines des plus belles portions de côtes de la Corse, notamment dans le Sud et à Calvi (Haute-Corse).

Maria Guidicelli s'est réjouie de "ce moment historique d'un peuple qui décide de son avenir". "Ce vote est une étape, a souligné le président du conseil exécutif, le député PRG de Haute-Corse Paul Giacobbi. Il était facultatif, mais il ne peut plus y avoir de modifications substantielles du document."

Le texte doit en effet encore être soumis pour avis à diverses instances avant d'être proposé à l'enquête publique.

Le principal groupe nationaliste à l'Assemblée, Femu a Corsica (Faisons la Corse, 11 élus), a salué "cette victoire politique majeure (...), nouveau jalon important sur le chemin de l'émancipation du peuple corse".

"Le PADDUC, souligne Femu a Corsica dans une déclaration, porte en germe une vision harmonieuse et durable de la société corse, après les délibérations votées sur la coofficialité de la langue corse, la mise en oeuvre d'une politique foncière d'ensemble reposant sur le statut de résident, les arrêtés Miot sur la fiscalité et le transfert de la compétence fiscale et la révision constitutionnelle."
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