En Corse, environ 200 espèces végétales sont menacées par une bactérie tueuse de végétaux venue d'Italie contre laquelle des responsables de l'île au Salon de l'Agriculture à Paris veulent mobiliser, avec le soutien de l'Europe.
La Xylella Fastidiosa fait déjà fait des ravages dans les oliveraies des Pouilles, dans le sud de la péninsule, et menace tout le verger méditerranéen.
Selon les spécialistes du ministère de l'Agriculture, la bactérie se manifeste au bout de plusieurs mois après avoir attaqué la cime du feuillage et être descendue vers le tronc pour infecter totalement l'arbre et ses voisins. Transmise par des insectes piqueurs-suceurs comme la cicadelle, elle provoque le dépérissement des plantes.
L'alerte avait été lancée à la fin de l'été 2014 par des oléiculteurs corses informés de la situation dans les Pouilles, où quelque 30.000 hectares d'oliveraies ont été détruits.
Un collectif Xylella Fastidiosa a lancé un nouveau cri d'alarme le 12 février, déplorant l'insuffisance de l'action de l'Etat en Corse. Selon le Collectif, "50 millions d'oliviers risquent de mourir en Italie et le fléau menace toute l'Europe méridionale".
"L'inquiétude est très forte face au risque d'une crise sanitaire majeure", a déclaré le président de l'Office de développement agricole et rural de la Corse (ODARC), Jean-Louis Luciani, lors d'une conférence de presse au Salon de l'agriculture.
Face à "la propagation, très rapide (...), on n'a pas beaucoup avancé", selon Jean-Louis Luciani qui a précisé qu'aucun cas n'a encore été détecté en Corse.
Il a déploré que les mesures de confinement pour contrôler les importations de végétaux soient "inopérantes" et que l'imposition du passage par un seul port en Corse soient rendues complexes en raison des lois européennes sur la libre circulation des marchandises.
Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, avait indiqué le 13 février à Ajaccio qu'il voulait faire imposer de strictes mesures de confinement à l'Italie.
Pas de prédateur contre la bactérie
La France a saisi la Commission européenne et une réunion d'évaluation est prévue à Bruxelles avec huit pays concernés.Le président de la coopérative oléicole de Balagne, René Colombani, présent au salon, a exprimé son scepticisme sur les moyens de lutte.
"Il est impossible de tout contrôler. On ne peut pas faire ouvrir les coffres de tous les véhicules. Et puis, la bactérie peut se nicher dans la boue incrustée sur les pneus", a déclaré René Colombani.
La seule issue, selon ce dirigeant de la première coopérative oléicole insulaire, est "de stopper la malade en Italie avec des moyens drastiques pour isoler les zones infestées".
Un plan européen pour sauver la Corse
Le président de la Collectivité territoriale de Corse, le député PRG de Haute-Corse, Paul Giacobbi, a insisté à Paris sur la nécessité "d'obtenir un plan européen pour éviter que les plantes contaminées n'atteignent la Corse"."Il ne faut pas crier avant d'avoir mal, mais il faut vite avancer au plan européen", a déclaré Paul Giacobbi, estimant "illusoire" l'instauration d'un port unique d'entrée pour les végétaux.
Les services de l'Etat ont multiplié les contrôles phytosanitaires dans les ports et aéroports insulaires, notamment en provenance de la Sardaigne voisine, et renforcé avec l'aide des chambres d'agriculture la surveillance des pépinières.
L'inquiétude est renforcée par "l'absence de moyen de lutte, à la différence du problème du cynips" qui ravage la châtaigneraie, selon Jean-Louis Luciani.
Aucun prédateur de la Xylella Fastidiosa n'a en effet encore été découvert, alors que pour lutter contre le parasite cynips, venu de Chine, l'introduction extrêmement chère, ces dernières années, du torymus, a permis de juguler l'épidémie.
"Le torymus fait son effet et la production qui remonte doucement permet de penser que l'on aura sans doute sauvé la châtaigneraie insulaire qui était en voie de disparition", a ajouté Jean-Louis Luciani.