38 ans de mandat pour l'un, 21 ans pour l'autre. A quelques jours d'un premier tour qui risque d'en laisser "quelques uns sur le carreau", Jean Motroni et Jean-Baptiste Raffalli portent un regard critique sur le nouveau redécoupage des cantons.
Pour le conseiller général (PRG) de la Haute-Corse, Jean-Baptiste Raffalli le compte ni est plus. "Si on revient à ce que nous pensions nous les Corses, un homme un territoire, ça ne vient pas de la Révolution, ça vient d'encore plus loin, c'était les Pieve".
"Quand on regarde sur les cartes et qu'on vous dit la haute ville (de Bastia, ndrl) aujourd'hui vote avec la basse ville, pour le Bastiais c'est une révolution".
En Haute-Corse, le nombre de cantons a été divisé par deux, passant de 30 en 2011 à 15 pour cette élection. A Bastia, le nombre de cantons est tombé à 4 au lieu de 6. Néanmoins, il y a toujours autant d'élus du fait des binômes homme-femme. Une parité au rabais selon Jean Motroni.
"In fine, on fait une réforme qui n'a d'avantage que d'amener la parité, mais d'une façon légèrement contrainte", explique l'ancien conseiller général et sénateur socialiste. "Je pense que les femmes auraient mérité une entrée plus glorieuse dans les assemblées."
122.500 électeurs sont appelés aux urnes les 22 et 29 mars prochain pour élire ces binômes et départager 102 candidats pour 30 sièges.
Premier écueil pour les 51 binômes, franchir le cap des 12,5% au premier tour. Un challenge compte-tenu du taux d'abstention qui pourrait en laisser "quelques uns sur le carreau", selon Jean Motroni.
"Ca va être difficile", pronostique-t-il. "Et pour cause, il y a quelques mois on parlait de supprimer les départements, quelques temps après on ne les supprime plus…".
Ajouté à cela un mandat d'à peine trois ans, où aucune décision importante ne sera finalement prise et où seules les affaires courantes seront traitées et on comprend le faible engouement que peut représenter cette élection.
En Haute-Corse, l'enjeu politique est d'autant limité que l'opposition de droite très minoritaire ne semble pas en mesure de faire basculer l'assemblée départementale.
Reportage de Pierre Nicolas, Daniel Bansard, Jean-Michel Bernardini