Des prédicateurs venus du continent qui tentaient de faire une prière sur la plage de Bodri, près d’Ile Rousse, ont été priés de quitter les lieux par des personnes présentes sur place.
Une prière de rue, ou plutôt une prière de plage, a tourné court mercredi 20 juillet à Bodri, une plage située sur la commune de Corbara près d’Ile-Rousse en Haute-Corse.
Six prédicateurs, qui depuis plusieurs années viennent en Corse prêcher auprès des jeunes musulmans notamment, ont tenté de faire une prière sur le sable.
Des personnes présentes leur ont demandé de quitter les lieux, les responsables de la mosquée d’Ile-Rousse n’ont a priori pas souhaité mettre à leur disposition le lieu de culte de la commune.
Plus tard ces religieux venus du continent ont retrouvé leur camionnette avec les pneus crevés. Ils ont depuis quitté la Corse mais n’ont pas déposé plainte.
Méfiance du Conseil Régional du Culte Musulman
Ces prédicateurs sont présentés comme des salafistes piétistes, une tendance qui pense qu'il est nécessaire de revenir aux fondamentaux de l'islam mais ne prône pas la violence.
Leurs visites en Corse font toujours l’objet d’un contrôle discret des services de sécurité, ces prédicateurs se signalent d’ailleurs au commissariat de Bastia à chaque arrivée.
Ils font ensuite le tour des principaux lieux de culte insulaires pour porter leur vision de l’islam.
Une vision, ou une manière de faire, qui ne semble pas être du goût des imams locaux.
Un représentant du Conseil régional du culte musulman basé en Corse-du-Sud nous confiait «cela fait bien longtemps que nous leur avons fermé la porte de nos mosquées, nous discutons avec eux mais nous ne les laissons pas prêcher dans nos lieux de culte. Le responsable d'Ile Rousse qui a la même vision que nous a dû faire pareil».
Même si les circonstances précises sont encore floues, c’est a priori ce qui a pu se passer à l’Ile-Rousse conduisant les prédicateurs - privés de lieu de culte - à tenter une prière sur la plage.
La réaction de Gilles Simeoni
Dans la journée de samedi, le président du Conseil exécutif de l'Assemblée de Corse, Gilles Simeoni, réagissait sur son compte Twitter en rappelant la tradition corse de liberté de culte mais en signifiant aussi son refus de l'intégrisme et du communautarisme.
La Corse est, depuis Paoli, une terre de liberté de culte. Mais elle n'acceptera ni communautarisme, ni intégrisme. https://t.co/nAD9vxOHN2
— Gilles Simeoni (@Gilles_Simeoni) July 23, 2016
Jean-Guy Talamoni, le président de l'Assemblée de Corse, a quant à lui signifié son refus du salafisme "inconciliable" avec les valeurs corses.
Même quand il n'appelle pas à la violence, le salafisme porte des idées inconciliables avec nos valeurs. https://t.co/hyCZXv6RQf
— Jean-Guy Talamoni (@JeanGuyTalamoni) July 23, 2016