Une trentaine de jeunes militants corses qui occupaient pacifiquement les préfectures d'Ajaccio et de Bastia pour réclamer l'amnistie ou des mesures d'amélioration de la situation des "prisonniers politiques" insulaires sur le continent, ont été évacués par la police lundi soir.
Des heurts se sont produits à Ajaccio entre les militants et des CRS qui se trouvaient à l'intérieur pour les évacuer. Plusieurs manifestants, selon certains témoignages, ont du être soignés à l'hôpital.
Occuper pacifiquement une préfecture et se retrouver aux urgences à 2h du matin, bienvenue dans le pays des droits de l'Homme
— Paul Salort (@PaulSalort_) 15 mars 2016
A Bastia, où quinze militants de l'organisation Ghjuventu Indipendentista avaient pénétré en début d'après-midi, l'évacuation s'est déroulée sans incident. Comme à Ajaccio, où 14 jeunes nationalistes s'étaient introduit sans incident dans la préfecture de Corse et de Corse-du-Sud, ils avaient souhaité exposer leurs revendications concernant une vingtaine de prisonniers corses sur le continent.
A Ajaccio, le directeur du cabinet du préfet leur a rappelé la position traditionnelle de l'État selon lequel "il n'y pas de prisonnier politique
en France", a indiqué le porte-parole de GI, Paul Salort, présent dans la préfecture.
Les militants avaient annoncé qu'ils ne quitteraient pas les préfectures tant que leur demande d'entrer "en liaison directe avec le ministère de la Justice" ne serait pas satisfaite.
Ils souhaitaient obtenir "des mesures d'amnistie et l'assignation à résidence en Corse de plusieurs prisonniers retenus sur le continent et le rapprochement de ceux qui peuvent l'être", selon M. Salort. GI réclame aussi la levée du statut de détenus particulièrement signalés (DPS) imposé à trois membres du commando Erignac dont Yvan Colonna, condamné à perpétuité pour l'assassinat du préfet de Corse, en 1998 à Ajaccio, ce qui "leur permettrait, selon M. Salort, d'être rapprochés en Corse".
L'association Sulidarità de soutien aux prisonniers corses a apporté, dans un communiqué, son "total soutien" aux militants de GI et déploré "le mutisme contre-productif" du gouvernement sur le dossier des prisonniers.
Sulidarità a appelé à "mettre en application les textes de lois françaises et internationales et à s'engager enfin dans un processus politique prenant en compte la possibilité historique d'orienter sa politique en Corse sur les voies de l'apaisement."
L'association avait appelé à un rassemblement pacifique lundi soir devant les préfectures d'Ajaccio et Bastia.