Plus de 200 personnes étaient présentes jeudi matin à Aléria lors du rassemblement de soutien aux prisonniers Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. Ils demandent le rapprochement en Corse de ces deux hommes condamnés pour l'assassinat du Préfet Erignac.
Le collectif de soutien à Alain Ferrandi et Pierre Alessandri s'est réuni devant le centre pénitencier de Casabianda à Aléria pour demander le rapprochement en Corse des deux membres du commando Erignac, incarcérés en région parisienne.
Le lieu du rassemblement a été choisi car des places seraient disponibles à la prison de Casabianda pour accueillir les deux hommes. La RT10 a été bloquée durant près de trois heures par les personnes présentes à la manifestation.
Le collectif de soutien a obtenu une entrevue avec le Préfet pour obtenir une date de rencontre avec le ministre de la justice.
Il s'agit de la deuxième forte mobilisation en faveur du rapprochement des prisonniers corses après celle qui a eu lieu en décembre dernier à Corte.
Incarcérés depuis 1999 en région parisienne pour l'assassinat du Préfet Claude Erignac en juillet 1998 à Ajaccio, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri ont été condamnés en 2003 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 18 ans.
Le reportage d'Anne-Marie Leccia et Typhaine Urtizverea :
Plus de 200 personnes étaient présentes jeudi matin à Aléria lors du rassemblement de soutien aux prisonniers Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. Ils demandent le rapprochement en Corse de ces deux hommes condamnés pour l'assassinat du Préfet Erignac.
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©Le reportage d'Anne-Marie Leccia et Typhaine Urtizverea
- Simon-Pà Ferrandi, Fils d' Alain Ferrandi
- Me Françoise Davideau, Avocate d' Alain Ferrandi
- Thierry Casanova, Président du Collectif "L' Ora di u ritornu"
- Marie-Laure Ferrand, Compagne d' Alain Ferrandi
Le statut de détenus particulièrement signalés
Les deux hommes étant des détenus particulièrement signalés (DPS), leur rapprochement n'est pas possible selon le Ministère de la justice. Un motif que conteste Françoise Davideau, avocate d'Alain Ferrandi."Le statut de DSP est lié au comportement en prison. Or, depuis qu'ils sont incarcérés, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri n'ont commis aucune infraction donc ce statut n'a pas lieu d'être. Et après, on nous explique que le rapprochement en Corse n'est pas possible puisque les centres pénitenciers insulaires ne sont pas équipés pour les prisonniers DSP. C'est le serpent qui se mord la queue" explique Françoise Davideau.
Alain Ferrandi, Pierre Alessandri et leurs proches ont demandé à plusieurs reprises la levée de cette inscription.
La loi Gandolfi bloquée depuis trois ans au Sénat
Contacté par téléphone, le président d'honneur de la Ligue des droits de l'homme Michel Tubiana indique que "plusieurs demandes ont été faites pour le rapprochement des prisonniers corses et également basques. Mais c'est une constante du gouvernement de ne pas l'accepter. Nous demandons simplement une application du code pénal".Une loi sur le rapprochement familial des détenus condamnés, portée par le député-maire de la 1ère circonscription de Haute-Corse Sauveur Gandolfi Scheit, a été adoptée en première lecture à l'unanimité à l'Assemblée nationale le 24 janvier 2012. "Mais cela fait trois ans qu'elle est bloquée au Sénat et que j'essaye de la faire passer pour qu'elle soit enfin appliquée" explique Sauveur Gandolfi Scheit.
"Une situation de non droit"
Depuis plusieurs années, de nombreuses démarches ont été effectuées auprès du tribunal administratif, du ministère de la justice, du médiateur ou du juge d'application des peines pour tenter d'obtenir des réponses sur le rapprochement des prisonniers en Corse. "Mais on ne nous répond que par le silence" déplore Françoise Davideau.Pour l'avocate d'Alain Ferrandi, il s'agit d'une "situation de non droit. On demande juste à ce que le loi soit appliquée comme elle devrait l'être. Les textes sont bafoués et cela entraîne une situation de blocage. On souhaite réaffirmer le droit au droit".
Alain Ferrandi et Pierre Alessandri ne seront "conditionnables qu'à la fin de leur peine de sûreté en 2017. Mais la liberté conditionnelle n'aura du sens que s'ils sont rapprochés dans une prison en Corse" ajoute Françoise Davideau.
Sollicité par mail et par téléphone, le ministère de la justice n'a pas répondu à nos questions.