Dans un article publié par le quotidien Libération, un ami d'Hervé Gourdel dénonce la récupération qui serait faite de la page Facebook qui rend hommage au guide niçois. Forte de milliers de fans, elle serait devenue une vitrine des mouvements identitaires niçois, notamment "Nissa Rebela".
Plus de 61.000 mentions "j'aime," des dizaines de photos et messages, cette page qui se veut "Soutien à Hervé Gourdel, guide de haute-montagne niçois enlevé en Algérie par des djihadistes de l’État Islamique, et à sa famille" fait l'objet d'une polémique.Mathieu Vernerey, un photographe, ami de l’otage qui avait notamment publié un vibrant hommage dans Nice-Matin le 27 septembre, passionné lui aussi de montagne, s'indigne de la teneur très politique de cette page Facebook. Sur Debunkersdehoax.org, un site qui "déconstruit" les rumeurs propagées par l’extrême droite sur Internet, il attaque ouvertement le mouvement identitiaire niçois "Nissa Rebela" mené par Philippe Vardon et cofondateur du Bloc identitaire.
L'auteur, amoureux de montagne et ayant aussi publié des articles dans le Monde Diplomatique, note "qu'aucun des nombreux hommages et rassemblements de musulmans en France n'est relayé sur cette page, pas même ceux des Algériens et Kabyles qui, en Algérie même, ont exprimé leur solidarité avec Hervé Gourdel."
Un organe de propagande
Il y raconte comment une initiative se présentant initialement comme «citoyenne, populaire et apolitique», est devenue un organe de propagande à peine dissimulé des identitaires. Pour lui, entre des photos d’hommage à Hervé Gourdel et des messages comme «paix à son âme», se glissent des publications ouvertement anti-islam.Hervé Gourdel, "victime du terrorisme islamiste"
Hervé Gourdel, y serait systématiquement présenté comme une «nouvelle victime du terrorisme islamiste», entretenant la confusion entre islam et islamisme dans les commentaires.Mathieu Vernerey souligne que la marche silencieuse, organisée à Nice le samedi 27 septembre et ayant rassemblé plus de 3.000 personnes, avec en tête la famille de l'otage est mentionnée ironiquement comme "l’événement 'apolitique' de M. Estrosi", le maire de Nice».
Par ailleurs, une pétition destinée à Manuel Valls et Bernard Cazeneuve prônant en tête "l'application de la déchéance de la nationalité française pour les djihadistes binationaux et l'interdiction totale de retour sur le territoire" est très relayée sur la page Facebook. Cet appel aux signatures est actuellement hébergé sur le site France-pétitions, qui "veut rendre à chaque Français son droit à la parole."
Philippe Vardon : "On est dans la chasse à la récupération".
Pour le militant niçois, toutes ces accusations sont "le fruit d'une chasse à la récupération. Si 60.000 personnes aiment cette page, c'est qu'elles aussi dénoncent les événements relatifs à Hervé Gourdel. Mon mouvement politique a fait de bons scores aux dernières élections municipales sur Nice (Philippe Vardon et sa liste Nissa Rebela ont obtenu 5 095 voix soit 4,43% NDLR), ce n'est donc pas étonnant qu'il n'y pas de sympathie pour les islamistes localement et que cela s'exprime."Et Philippe Vardon d'ajouter, "je ne vois pas en quoi il s'agit d'une page militante, mais simplement, il s'agit de la réalité."
Vers une fermeture de page Facebook ?
Toujours selon le quotidien Libération, et d'après Mathieu Vernerey, «la famille d’Hervé Gourdel envisage de demander la fermeture de la page si la récupération est bien avérée».Difficile en revanche de connaître l’identité de son créateur ou de son administrateur. Un message du 1er octobre, la page compterait «10 modérateurs», dont l'activité consiste à «faire le ménage» dans les commentaires des «provocateurs islamistes».