L'adjudant Gerber du "gendarme de Saint-Tropez" n'est plus

Acteur boulimique, Michel Galabru a rapidement gagné une stature d'acteur populaire, notamment avec "Le Gendarme de Saint-Tropez" de Jean Girault en 1964. L'adjudant Gerber s'est éteint dans son sommeil lundi matin, à l'âge de 93 ans.

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Physique truculent et voix de méridional, Michel Galabru, qui s'est éteint dans son sommeil lundi matin, a incarné les personnages comiques dans de nombreux nanars mais aussi de grands rôles au cinéma et au théâtre. Acteur boulimique, il a rapidement gagné une stature d'acteur populaire, notamment avec "Le Gendarme de Saint-Tropez" de Jean Girault en 1964, aux côtés de Louis de Funès, mais la reconnaissance de la profession fut plus tardive.


Il décroche le César du meilleur acteur en 1977 pour son rôle dans "Le Juge et l'Assassin" de Bertrand Tavernier (avec Philippe Noiret) et son premier Molière en avril 2008 pour "Les chaussettes opus 124", où il interprète avec génie un vieil acteur cabot qui tente un come-back. Il a alors 85 ans, et remercie "tous les mauvais textes qui m'ont permis souvent de vivre". "J'ai eu quand même quelques beaux textes au cinéma, parmi beaucoup de navets, pour manger et échapper au fisc", disait-il avec sa faconde habituelle.

"Michel Galabru portera à jamais dans le coeur des Français l'uniforme singulier d'un humour tendre et populaire", lui a rendu hommage la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, saluant un "immense comédien". "Je l'aimais. Tout le monde l'aimait, acteurs, public, au revoir cher Michel" a tweeté Johnny Hallyday. "Coup de képi au dernier gendarme de Saint-Tropez!" a tweeté la Gendarmerie nationale.


Né le 27 octobre 1922 à Safi (Maroc), Michel Galabru entre au Conservatoire d'art dramatique d'où il sort avec deux premiers prix. Il fait un passage à la Comédie-Française (1950 à 1958), où il joue les classiques -Molière, Marivaux, Feydeau, Courteline. Au cinéma, il entame sa carrière en 1951 avec "Ma femme, ma vache et moi" (Jean Devaivre) puis enchaîne les petits rôles. La notoriété vient avec avec "La guerre des boutons" (1961, Yves Robert) et surtout la série des "Gendarmes" de Jean Girault, qui démarre en 1964.

S'en suit une longue liste de nanars aux titres pittoresques, au fil des années 60 et 70: "Le facteur s'en va-t-en guerre", "Poussez pas grand-père dans les cactus", "La dernière bourrée à Paris", "Le plumard en folie"... Il n'a jamais renié ses innombrables films alimentaires. "C'est vrai que je ne suis pas très fier de certains films, mais je ne les renie pas." "On sait bien qu'on a fait un film minable, mais on l'a fait en pensant au chèque, parce qu'on en avait besoin, point à la ligne", déclarait le comédien, lucide et sans regrets.

Un acteur généreux 

Au total, cet acteur insatiable, réputé timide et généreux, accusé parfois d'avoir gaspillé son talent, a tourné quelque 200 films. En 1976, Bertrand Tavernier lui offre le rôle d'un tueur dans la France du XIXème siècle, dans "Le juge et l'assassin", face à Philippe Noiret et Isabelle Huppert. La comédienne a salué sur twitter lundi "l'un des plus grands rôles de Michel Galabru: Joseph Bouvier".

L'acteur occupe aussi quelques seconds rôles marquants dans des films exigeants: "Une semaine de vacances" de Bertrand Tavernier, "Celles qu'on n'a pas eues" de Pascal Thomas, "L'été meurtrier" de Jean Becker, "Notre histoire" de Bertrand Blier, "Subway" de Luc Besson, "Soigne ta droite" de Jean-Luc Godard...

Dans "Bienvenue chez les Ch'tis", film phénomène de l'année 2008, quelques minutes lui suffisent pour marquer les esprits avec une scène d'anthologie, où il décrit à son neveu les misères du nord de la France. Mais Michel Galabru se voulait avant tout un homme de théâtre. Dans sa jeunesse, il rêvait d'être Sacha Guitry. "Je voulais être Sacha Guitry. Je ne suis que Michel Galabru. Ce n'est qu'un quart de réussite", regrettait le comédien, qui cachait
ses doutes sous des airs rigolards.

"Je voulais être Sacha Guitry. Je ne suis que Michel Galabru. Ce n'est qu'un quart de réussite"


Il a pourtant servi de grands textes ("Don Juan" et "Le Bourgeois gentilhomme" de Molière, "Les Rustres" et "Le Riche convoité" de Goldoni) comme des oeuvres populaires ("La claque" d'André Roussin, "L'entourloupe" et "Monsieur Amédée" d'Alain Reynaud-Fourton). Il était encore en tournée il y a deux ans avec "La femme du boulanger" de son auteur fétiche Marcel Pagnol.

En novembre, très affecté par les décès successifs de son frère et de son épouse, il avait annulé la pièce autobiographique qu'il devait reprendre au théâtre Montmartre-Galabru, "Le Cancre".
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