Les fresques se mutiplient sur les murs de Bruxelles, sur des thèmes sanglants que certains prennent pour de la povocation et un appel à la violence. Lundi, c'est un homme ligoté par les pieds et éventré qui a été peint, sans doute en référence à un tableau du peintre néerlandais Jan De Baen.
Nouvel acte dans ce qui devient l'affaire des fresques bruxelloises. Lundi, les habitants de la rue des Brigittines, tout près la gare Bruxelles-Chapelle, ont découvert l'image de cet homme éventré, suspendu par les pieds. Une fresque impressionnante de par sa taille (presque 10 étages) et de par ce qu'elle représente...
"La fresque sanglante à Kapellekerk semble inspirée par une œuvre de peintre hollandais Jan de Baen."De bloederige muurschildering aan Kapellekerk lijkt geïnspireerd op een werk van Nederlands schilder Jan de Baen.https://t.co/AdFZZgVJFo pic.twitter.com/yb82UFNTPI
— BRUZZ (@BRUZZbe) 23 janvier 2017
Nos confrères du journal belge Le Soir ont réalisé une vidéo montrant l'ampleur du graffiti :
Fresque gare de la chapelle par Le_Soir
Graffeur en série
Cette nouvelle fresque n'est pas sans inquiéter les autorités, qui voient d'un mauvais oeil la multiplication de ces images sanglantes. Le bourgmestre de Bruxelles Yvan Mayeur avait réagi aux précédentes peintures, assurant qu'elles seraient effacées "si cela donne lieu à des tensions entre les communautés", indique Le Soir.
«Nous sommes très tolérants mais dans ce cas-ci, même si ce n’était peut-être pas la volonté de l’artiste, la fresque appelle à la violence. Dans le contexte actuel, on se doit d’être prudents», a-t-il déclaré samedi dans la même journal.
Car la fresque est loin d'être la première. Samedi, une scène d'égorgement a été découverte sur un mur au bord du Canal.
Une nouvelle #fresque @Bruxelles #canal pic.twitter.com/l4iggT5cTu
— Alain Gérard (@alainger) 20 janvier 2017
Avant cela, il y avait également eu une fresque représentant un sexe masculin, un anus et une pénetration vaginale.
De la peinture classique ?
Mais les deux dernières fresques posent la question de savoir si l'art dépasse les questions de pudeur. En effet, la scène d'égorgement et celle de l'homme éventré sont directement inspirées de tableaux représentatifs de la peinture classique.
- De lijken van de gebroeders de Witt, Les corps des frères Witt - Jan de Baen
Ce premier tableau est attribué au peintre flamand Jan de Baen. Il représente les corps pendus de Johan et Cornelis Witt exécutés à La Haye le 20 août 1672. C'est leur adversaire politique qui a ordonné leur mort, car les 2 hommes étaient très puissants et ont été tenus responsables des catastrophes de l'année 1672.
- Le sacrifice d'Isaac, du Caravage
Ce tableau représente le sacrifice d'Isaac, une des scènes les plus célèbres de la Bible. Abraham, qui accepte de sacrifier son fils Isaac pour Dieu, est alors interrompu par un ange, qui retient sa main armée.
Le même auteur ?
Pour le moment, impossible de savoir qui a peint ces fresque dans les rues de Bruxelles. Nul ne sait s'il s'agit d'une seule et même personne ou bien d'un collectif d'artistes. Le ministre belge de la Culture, Sven Gatz, leur a pourtant apporté son soutien dans u tweet : "Nouvelle peinture murale à Bruxelles = (encore) une polémique. L’art est libre. Attendez avant d’interdire pour interdire. Ou allons-nous aussi interdire Le Caravage ?"
Nieuwe muurschildering Brussel = (alweer ) controverse. Kunst is vrij. Verboden te verbieden aub. Of gaan we Caravaggio ook verbieden? pic.twitter.com/a1rvWMbl1R
— Sven Gatz (@svengatz) 21 janvier 2017
Sans aller jusqu'au soutien, d'autres défendent l'idée que ces fresques n'incitent pas à la violence mais au contraire à prendre du recul : "Selon moi, la scène signifie davantage qu’il faut toujours réfléchir avant d’accomplir une instruction censée être donnée par un dieu ou une autorité suprême", explique Anne Morelli, directrice du Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité de l’Université libre de Bruxelles (ULB).