Nouvelle audience pour l'élu loosois Jean-Luc Munro, poursuivi pour "violences à agent, avec arme par destination" (en l'occurence son vélo) depuis le démantelement du camp de Roms de Loos. Pour lui et ses soutiens, les poursuites sont infondées et l'affaire relève du "délit de solidarité".
Ce mercredi midi, environ 200 personnes se sont réunies sur la Grand'Place de Lille pour soutenir Jean-Luc Munro, conseiller muncipal écologiste à la mairie de Loos. Le groupe de soutien l'a ensuite accompagné au Tribunal de grande instance où une audience était prévue à 14h.
Une histoire, et deux versions que tout oppose. Les faits remontent au 6 avril 2016. Ce jour là, les forces de l'ordre opèrent un "resserrement" (comprendre une évacuation partielle) du camp de Roms de l'ancienne prison de Loos. Jean-Luc Munro connaît bien les personnes qui vivent dans ce camp et leur vient en aide régulièrement.
Ce jour là, il décide donc de se rendre sur le camp pour vérifier que tout se passe bien. "Lors de genre d'opérations, c'est important d'avoir des bénévoles qui ont la confiance des familles, qui parlent leur langue et peuvent servir d'intermédiaires", explique Dominique Plancke, membre de l'intercollectif de soutien aux Roms du Nord-Pas-de-Calais.
Un vélo pour toute arme
Après avoir passé un premier barrage policier, l'élu se retrouve face à un nouveau cordon, qu'il tente de franchir avec son vélo. C'est ici que les versions divergent. D'après l'élu, un policier le fait tomber avec son vélo et dans sa chute il en blesse un autre légèrement, au doigt. Cet incident lui coûtera cher : immédiatement interpellé, l'élu est placé en garde à vue puis poursuivi pour "violences à agent, avec arme par destination". L'arme, c'est le vélo. "Il n'y a pas eu d'acte de violence de ma part, même si je n'accable pas le policier", se défend Jean-Luc Munro."Le vélo renversé, c'est presque anecdotique, mais la mise en accusation est assez conséquente", poursuit l'élu. En effet, il risque 5 ans de prison et 75 000 € d'amende... Une situation ubuesque dans laquelle il est aidé par de nombreux soutiens.
Délit de solidarité
Rapidement, plusieurs personnes s'organisent pour soutenir Jean-Luc Munro, un collectif est même créé. "On s'est aperçu qu'il y avait des personnes dans des situations similaires, qui avaient subi des intimidations, des gardes à vue, des amendes pour stationnement sur des camps", explique le Loosois. "Depuis quelques mois il y a une utilisation d'une partie des textes de l'Etat d'urgence contre ceux qui veulent simplement aider des personnes en détresse."Car ces poursuites sont assimilées par Jean-Luc Munro et ses soutiens à un véritable "délit de solidarité". "Aujourd'hui le délit de solidarité n'existe pas dans le droit. Donc ils contournent la loi pour nous poursuivre", explique Dominique Plancke. "Les menaces sont à peine voilées."