Avant d'être footballeur, le footballeur nordiste, mort ce vendredi, a travaillé comme mineur à Noeux-les-Mines. Et ça l'a marqué à vie.
« Chaque fois que j’entrais sur un terrain, je me disais : "Quand même, Raymond, quelle chance tu as de faire un métier extraordinaire ! Quel sacré veinard ! Imagine un peu que tu pourrais être dans les gradins en train d’admirer deux équipes en attendant l’heure de descendre à la mine. Tu te rends compte de ton bonheur ?" Et je m’en rendais parfaitement compte. » Cette phrase de Raymond Kopa est tirée du livre "D'hier et d'aujourd'hui", de Bernard Verret publié en 1980. Elle illustre bien à quel point son enfance et sa jeunesse ont marqué sa vie.
Kopaszewski. C'est le vrai nom de Raymond Kopa, né en 1931 à Noeux-les-Mines, d'un couple d'immigrés polonais, Hélène et François. Comme son père et son frère, Raymond va entrer travailler à la mine en 1945, à l'âge de 14 ans. "Je n'avais pas le choix à ce momen-là car j'ai fait tous les bureaux de placement à Noeux-les-Mines. partout, j'étais rejeté. Je n'avais qu'un seul moyen, c'était aller à la mine. J'étais fils de Polonais, il n'y avait pas de place pour les fils de Polonais. Heureusement, pour moi, j'avais le football".
Un doigt en moins
"J'ai eu 3 années difficiles où je travaillais à 600 mètres de fond bien souvent dans la poussière. J'étais rouleur. Je remplissais les berlines, je chargeais tout, je faisais remonter. " Parallèlement, Raymond Kopa montrait déjà un certain talent au club de l'US Noeux-les-Mines : "L'ingénieur de cette mine, c'était le président du club où j'évoluais. Il aurait pu faire le nécessaire pour me trouver un meilleur emploi, mais il ne l'a pas fait. C'était un con. »Raymond Kopa travaille deux ans et demi dans la mine. Il y laisse un doigt dans un accident en 1947. Il subit une opération chirurgicale mais doit être en partie amputé des deux doigts. "J'aurais pu perdre les cinq. Ce sonrt des choses qui arrivent". Il stoppe alors temporairement son activité et touche une pension. Il retourne un peu plus tard dans le bassin minier mais son handicap lui permet d'être affecté à une tâche moins pénible, celle de chaudronnier.En 1949, le concours du jeune footballeur va lui permettre de quitter la mine. Camille Cottin, entraîneur du SCO Angers lui propose un contrat. "Quand j'avais 18 ans, beaucoup de clubs de la région, Lens, Lille, Roubaix, Valenciennes... sont venus me voir. Mais ils m'avaient jugé trop petit", racontera-t-il plus tard. Il quitte le bassin minier mais ne sait pas encore qu'il va devenir un des plus grands footballeurs français de tous les temps.