Aux portes de l'Ariège, l'Andorre, ses pistes de ski et ses trafics, petits et gros. Ou énormes, comme le scandale qui secoue la principauté. Un très haut responsable de la Banca Privada de Andorra vient d'être incarcéré, accusé de blanchiment d'argent avec les mafia russes et chinoises
En Principauté, le scandale est forcément...bancaire. Joan Pau Miquel Prats, un très haut responsable de la Banca Privada de Andorra (BPA), a été formellement accusé de blanchiment d'argent et de liens avec la mafia chinoise. On l'a appris lundi de source judiciaire à Andorre-la-Vieille. Mais les clients de cette banque, alertés par la presse locale, s'étaient déjà massés, dès vendredi, aux guichets pour tenter de récupérer leur argent. Et le gouvernement a dû instaurer des plafonds de retrait.
Joan Pau Miquel avait en effet été interpellé vendredi par la police. Il a été déféré dimanche devant un juge, au terme de ses 48 heures de garde à vue, qui l'a mis en examen et fait incarcérer.
Très peu d'informations ont été fournies sur le coeur du dossier et sur d'autres arrestations qui pourraient avoir lieu dans les jours à venir.
Lundi, la Banque d'Espagne a annoncé qu'une filiale privée de BPA, Banco Madrid, avait déposé le bilan. Dans la principauté d'Andorre, l'Institut national andorran des finances (INAF), chargé de réguler et de superviser le secteur bancaire, a nommé il y a une semaine trois personnes pour diriger les affaires courantes de la BPA dont elle a destitué le conseil d'administration.
Cette décision a été prise au vu des "accusations de première importance" portées par les Etats-Unis et dans le but de "rassurer les clients et les investisseurs sur la solvabilité de la banque", avait alors expliqué le chef du gouvernement andorran, Antoni Marti.
La mesure avait suivi une alerte du FinCEN (Financial Crimes Enforcement Network), organisme du Trésor américain chargé de lutter contre la délinquance financière, qui a désigné la BPA comme une "source majeure d'inquiétude liée au blanchiment d'argent".
Selon le FinCEN, "de hauts responsables corrompus de BPA, ainsi que des contrôles antiblanchiment trop lâches, ont fait de BPA un intermédiaire facile des blanchisseurs d'argent en vue de faire passer par le système financier américain les recettes tirées du crime organisé, de la corruption et du trafic d'êtres humains".
Les opérations concernent des organisations criminelles en Russie et en Chine pour "des centaines de millions de dollars", selon l'organisme.
Les autorités andorranes ont ordonné une enquête qui doit aboutir dans soixante jours, selon le gouvernement.