Berck : des aveux mais beaucoup de questions en suspens

La mère d'Adélaïde, la fillette de 15 mois retrouvée morte, noyée, à Berck-sur-Mer, est passée aux aveux, a été mise en examen et écrouée pour assassinat mais de nombreuses zones d'ombres subsistent sur ses motivations.

Beaucoup de questions restent en suspens sur le drame de Berck sachant notamment que la responsabilité pénale d'une personne souffrant de troubles psychiatriques peut être réduite voire abolie. 

- Qui est Fabienne Kabou et est-elle consciente de ses actes ?

Selon son avocate, Fabienne Roy-Nansion, sa cliente, âgée de 36 ans, est "un personnage
totalement extraordinaire
, au sens littéral du terme. C'est quelqu'un qui est dans une logique qui n'est pas du tout la nôtre, parce que cette logique a abouti à faire mourir une petite fille dans des conditions absolument incroyables
".

"Non seulement on sent une logique parallèle à la nôtre mais en plus, c'est une femme qui est remarquablement intelligente, très bien élevée", a ajouté l'avocate. "J'ai été frappée par le calme dans lequel elle était. Elle n'est ni triste ni joyeuse. Quand je lui ai dit, vous avez le choix de garder le silence, elle m'a répondu "non, je vais répondre aux questions, car j'imagine que vous voulez tous comprendre et savoir, et c'est normal". Elle a dit "je ne suis pas dans le mystique, je suis dans la réalité". Maintenant, c'est sa réalité, sa logique".

Dans ce dossier, "il nous manque l'essentiel" selon Gérard Rossinelli, président de l'association des psychiatres experts judiciaires. "Est-ce que cette femme était la cible d'hallucinations auditives impérieuses ? et on serait dans un scénario avec des éléments délirants. Ou bien souffrait-elle d'un trouble dépressif majeur ? et, dans cette hypothèse, elle pourrait avoir noyé son enfant pour la sauver de la souffrance".

- Pourquoi a-t-elle abandonné son bébé sur la plage de Berck-sur-Mer ?

"Peut-être qu'un psychiatre vous dira qu'elle était atteinte d'une pathologie mentale qui, au moment des faits, a pu altérer ou induire un comportement", avance l'avocate. "Je crois qu'elle a euthanasié cette enfant. Elle entrevoyait pour cette enfant un avenir sombre. Elle se disait "la vie qu'elle aurait eue, c'est comme si c'était une maladie dont je l'ai soustraite"".

D'après Paul Bensussan, psychiatre, expert agréé auprès de la Cour de cassation, "les infanticides commis par les pères sont souvent des actes "punitifs", destinés à faire souffrir la mère. (...) A contrario, l'infanticide commis par la mère est souvent sous-tendu par une pathologie psychiatrique. Dans la majorité des cas, la mère est en dépression profonde. Cela peut aller jusqu'au "suicide altruiste" : une mère "aimante" tue son enfant pour le soustraire à une souffrance ou à une situation sans issue. Cette dimension psychiatrique peut influer sur la responsabilité pénale et peut aller jusqu'à l'abolir".

"Elle dit "Berck, c'est triste, même le nom est triste. Et pour faire quelque chose de triste, je voulais un endroit triste"", a raconté Me Roy-Nansion.

- Réalise-t-elle ce qu'elle encourt ?

"Elle réalise ce qu'elle a fait. Elle exprime des remords. Elle ne cherche pas à se trouver des excuses. Au contraire, elle dit n'être pas défendable", a expliqué Me Roy-Nansion, ajoutant que sa cliente avait "le souci de savoir ce qu'(allait) devenir le corps de sa fille".

"Ce n'est pas quelqu'un qui essaie d'échapper à sa responsabilité", a assuré l'avocate. "Elle m'a dit : "Je ne veux pas que vous me défendiez. Qu'est-ce que vous voulez défendre, Maître ? Je veux simplement que vous m'expliquiez ce qu'il se passe, au cas où je ne comprendrais pas, et j'ai besoin d'avoir quelqu'un à l'extérieur qui m'aide". C'est comme si elle disait "J'ai aimé cet enfant, plus que tout. Je devais faire ça, je l'ai fait, et maintenant, faites ce que vous voulez avec moi. Vous me dites que je risque la perpétuité, je l'ai compris"".

- Quel a été le rôle de son compagnon ?

"Cette enfant n'était pas nécessairement désiré. Elle avait été une bonne surprise pour elle, peut-être pas forcément pour le père. Je pense qu'elle était profondément seule", a avancé son avocate. "Est-ce que cette solitude, elle l'a installée elle-même? Ou est-ce que cet homme l'a installée dans une forme de solitude ? C'est quelqu'un dont elle a été profondément amoureuse et qui à la fin de cette relation l'a détruite sur le plan psychologique".

"Je suis effondré", a confié de son côté le compagnon, âgé de 63 ans, au journal Le Parisien/Aujourd'hui en France. Elle "m'avait expliqué qu'elle avait confié (Adélaïde) pour quelques jours à sa propre mère au Sénégal. Je l'ai crue. Aujourd'hui je m'en veux de ne pas l'avoir accompagnée pour m'en assurer".

 

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