Un adolescent de 13 ans, membre prometteur du pôle espoir de surf, est mort dimanche matin à la Réunion après avoir été happé par un requin dans une zone interdite à la baignade. Ses parents avaient quitté la métropole lilloise il y a 19 ans pour La Réunion selon La Voix du Nord.
Signe de la vive émotion ressentie dans l'île, environ 500 personnes se sont rassemblées en fin d'après-midi sur une plage, non loin des lieux du drame, pour rendre hommage à Elio et jeter des fleurs à la mer. Certains ont ensuite bloqué la circulation pour dénoncer "l'inertie" des pouvoirs publics et réclamer "la reprise de la pêche au requin".
Tout s'est joué vers 9h30. L'adolescent, Elio, surfait sur le spot des Aigrettes à Cap Homard (commune de Saint-Paul), sur la côte ouest de l'île, avec six autres membres du pôle espoir de la Ligue de surf de la Réunion.
"Ils sont arrivés tôt ce matin, ils se sont mis à l'eau immédiatement", a raconté un riverain. "Régulièrement je dis à des jeunes de faire attention, que
c'est interdit et dangereux, mais ils n'écoutent pas", s'est-il désolé. "J'ai entendu des gens hurler autour de moi. J'ai tout de suite compris", a relaté, glacée, une mère de famille qui était sur la plage avec ses enfants.
Posted by RIP Elio canestri on dimanche 12 avril 2015
Le requin a arraché toute la partie droite du corps du jeune garçon. Les pompiers n'ont pu que constater son décès malgré leur arrivée quasi immédiate et l'intervention des occupants d'un bateau qui avaient vite ramené la victime sur le rivage. Ce bateau effectuait des relevés de balises, placées justement dans cette zone pour enregistrer les passages de squales.
Très choqués, les amis du jeune homme ont été pris en charge par les secours. Peu après, le préfet de la Réunion, Dominique Sorain, a fait hisser la "flamme rouge" sur toutes les plages du littoral ouest et activé la procédure post-attaque, qui prévoit des opérations de pêche ciblées aux alentours immédiats de l'attaque.
Quelques heures plus tard, un requin tigre de plus de 3,5 mètres y était capturé et tué, mais l'expertise médicale pratiquée sur la dépouille de la victime a révélé que l'attaque avait été perpétrée par un "requin bouledogue de 2,5 mètres". "La meilleure prévention reste de respecter les interdictions", a martelé M. Sorain, lors d'une conférence de presse.
Très affecté par ce drame, l'adjoint au maire de Saint-Paul et entraîneur de l'équipe de France de surf, Patrick Florès, a révélé que s'était tenue la veille "une réunion" où il avait été "clairement dit qu'en raison des mauvaises conditions de mer, la mise à l'eau était formellement déconseillée et qu'il n'y aurait pas de surveillance".
Tous responsables
Elio et ses camarades ont ignoré ces conseils, mais "comment peut-on reprocher à un adolescent de vouloir pratiquer son sport, sa passion ?" a ajouté M. Florès. "Avant on pouvait surfer par tous les temps et à toute heure. Ce n'est plus possible aujourd'hui. Plus rien ne sera, plus jamais, comme avant", a-t-il lâché.Et c'est bien parce que la pratique des sports de glisse est vécue comme une passion que le préfet en appelle "à la responsabilité de tous". "Le danger est réel, important, sinon nous n'aurions pas mis en place la sécurisation par des zones expérimentales" à la mi-février.
Quatre secteurs à Saint-Paul, Trois-Bassins, Saint-Leu sont concernés et plusieurs outils pourront être mobilisés par les municipalités: filets, drumlines, vigies, embarcations, moyens acoustiques... La Région a dégagé un financement de 10 millions d'euros pour les y aider.
"Ce dispositif devait commencer mardi ou mercredi. On commençait à voir le choses s'éclairer un peu et puis voilà qu'arrive ce drame insoutenable", a regretté encore l'adjoint de Saint-Paul.
Des racines nordistes
Mi-février, l'arrêté interdisant la baignade et toutes les activités nautiques en dehors du lagon et des zones surveillées avait été reconduit jusqu'à l'annéesuivante. Cette décision "d'interdire la mer", selon une expression agacée de nombreux Réunionnais, avait été prise en juillet 2013 après la mort d'une jeune fille de 15 ans à 5 mètres du rivage, toujours à Saint-Paul.
Cela a entraîné l'annulation de la totalité des compétitions de surf et de bodyboard et a contribué à une baisse significative de l'activité touristique. L'attaque de ce dimanche est la seizième depuis 2011, la septième mortelle. La dernière remontait au 14 février, quand une baigneuse avait été attrapée par un squale, là encore dans une zone interdite.
Selon La Voix du Nord, la mère d'Elio, Sylvie Poissonnier, est originaire d’Englos (Nord). C’est la fille d’un ancien radiologue réputé du CHR, Bertrand Poissonnier. Elle a quitté la métropole lilloise il y a 19 ans, avec son mari, pour s’installer sur l’île de la Réunion.