Meurtre à la prison de Vendin-le-Vieil : silence de l'administration pénitentiaire, le personnel très en colère

Alors que l'administration pénitentiaire refuse de communiquer après l'assassinat commis dans une cellule de centrale de Vendin-le-Vieil, le personnel de la prison s'organise pour protester contre le "mépris" de sa direction. De son côté, la famille de la victime va porter plainte contre l'Etat. 

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La tension monte à la prison de Vendin-le-Vieil, où le détenu de 27 ans Geoffrey Debouver a été tué lundi dans sa cellule. Homicide pour lequel deux prisonniers ont été mis en examen mercredi pour assassinat. Si l'enquête judiciaire est allée vite, de nombreuses questions subsistent sur les circonstances de ce crime, commis dans l'une des prisons les plus sécurisées de France. Sur le papier en tous cas.

Comment deux détenus, a fortiori dangereux, ont-ils pu pénétrer à leur guise dans une cellule, dont l'occupant sera retrouvé mort quelques instants plus tard ? L'administration pénitentiaire refuse pour le moment de nous répondre, disant attendre les conclusions de l'enquête interne qui a été ouverte. 

Notes de service

Ce jeudi, le personnel de la prison a reçu deux notes de service datées du 11 janvier sur le "régime en détention" et les "mouvements et circulation des personnes détenues". Deux documents visant à "serrer la vis", selon une source syndicale. "En gros, il faut être collé aux détenus dès qu'ils sortent et il faut être tout le temps derrière eux. C'est complètement à l'opposé de ce qu'on nous demande depuis deux ans", rapporte cette source. "Ce n'est pas forcément un mal, mais il faut du monde pour mettre ça en place. La direction publie ces notes pour se couvrir".

Plusieurs représentants du personnel de la prison de Vendin-le-Vieil ont en effet expliqué depuis plusieurs jours que le cadre sécuritaire qui devrait être imposé dans ce type d'établissement n'a jamais ou peu été appliqué, à la demande de la direction, pour maintenir le calme dans la prison. "La paix sociale, c'est bon on a donné, il y a eu un mort", déplore un syndicaliste. "Qu'on nous mette les moyens, qu'on devienne vraiment une prison sécuritaire, pas une farce qui met en danger les détenus et le personnel pénitentiaire, qui souffre tous les jours. Il y a eu un drame, il y a eu des prises d'otage. Et la prise en charge du personnel est nulle", a-t-il ajouté.

Portes ouvertes

La prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil, qui a une capacité de 203 places, compte aujourd'hui moins d'une centaine de détenus pour environ 200 personnels pénitentiaires. Et pourtant des moyens supplémentaires, jusqu'à un doublement du nombre de surveillants, sont réclamés. 

Dans chacun des trois quartiers de la maison centrale, on compte deux étages à deux ailes (droite et gauche) séparées par des grilles de sécurité. Pour chaque étage, il y a deux surveillants, qui doivent toujours travailler en binôme comme l'exige la procédure. "Si un détenu passe un coup de téléphone dans la coursive à gauche, et qu'un autre détenu appelle du côté droit, les deux surveillants doivent aller le voir rapidement pour s'enquérir de ses doléances. Et pendant ce temps là, celui qui est au téléphone à gauche est laissé sans surveillance". Dans ce cas de figure, les seules caméras de surveillance permettent de garder un oeil sur les coursives.

Lundi 9 janvier à 14 heures, le meurtrier présumé de Geoffrey Debouver, homme très dangereux déjà condamné pour deux homicides, était justement au téléphone, avant d'entrer avec un autre prisonnier dans la cellule de la victime, dont la porte était ouverte. Le binôme de surveillants se trouvait-il à l'aile opposée, au moment où le crime a été commis ? Pourquoi la porte de cette cellule était-elle ouverte ?

L'enquête interne devra établir ce qu'il s'est passé. "La règle : les portes doivent être fermées mais après, on fait de l'humain. Dans la gestion journalière, il arrive qu'on laisse ouvert quelques minutes, comme dans toutes les prisons de France", explique un syndicaliste. Du côté de la direction de l'établissement, voire à plus haut niveau dans l'administration pénitentiaire, on ne pouvait ignorer ces règles de vie quotidienne dans l'établissement. Il était même demandé "aux surveillants de faire preuve de souplesse", selon les syndicats. Mais là encore, impossible pour l'instant d'entendre l'administration pénitentiaire sur ces questions.

Depuis ce jeudi matin, trois jours après le meurtre, il est donc demandé au personnel d'appliquer à la lettre le règlement initial, "ce qui est tout simplement impossible avec les moyens actuels".

Plainte contre l'Etat

Le directeur de la prison de Vendin-le-Vieil, qui a reçu mercredi les parents du détenu assassiné, leur a fourni des explications "très claires", selon Frédéric Debouver, père de la victime. "Le directeur reconnaît sa responsabilité. Qu'ils sont entièrement responsables de ce qui s'est passé. Il n'a pas essayé de se soustraire, il a parlé dans ce sens-là", a-t-il ajouté. 

Néanmoins, les parents de Geoffrey Debouver devraient porter plainte dans les prochains jours contre l'Etat, ont-ils annoncé.

Mobilisation des surveillants jeudi prochain

De leur côté, les syndicats estiment que le personnel se sent accablé par des propos qu'aurait eus la direction d'établissement, qui tiendrait selon eux pour seuls responsables les surveillants qui étaient en service à l'étage où le crime a été commis. Et qui avaient donc laissé la porte de la cellule de la victime ouverte.

Une action de blocage de la prison de Vendin-le-Vieil est prévue le jeudi 19 janvier dès 6 heures du matin. Tous les syndicats de l'établissement appellent le personnel à se mobiliser contre le "mensonge" et le "mépris", souhaitant même étendre la mobilisation à toutes les prisons de France. 

 


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