Nord-Littoral : un instituteur réclame 10.000 euros au journal pour avoir été caricaturé en nazi

Un instituteur caricaturé en Waffen SS dans le quotidien Nord-Littoral a demandé 10.000 euros à l'ex-directeur de publication, au chef de rédaction et au caricaturiste en raison d'un dessin perçu comme injurieux, mardi lors d'un procès à Boulogne-sur-Mer.

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L'affaire remonte à septembre 2014. Nord-Littoral publie un dessin mettant en scène François Dubout, instituteur mais aussi artiste (chanteur et one man show) et homme politique qui se dit proche de Charles Pasqua et s'était présenté aux législatives en 2007 sous l'étiquette du FN mais qui a pris depuis ses distances avec le parti. Il avait été vu lors d'une manifestation du collectif "Sauvons Calais" hostile aux migrants en septembre 2014, où étaient présents de nombreux représentants d'extrême droite.

Le dessin mis en cause montrait M. Dubout dans un cercueil, tenant une casquette de Waffen SS, en train de sourire, avec trois autres personnes considérées comme proches de l'extrême droite. Selon Me Ludovic Sartiaux, avocat de M. Dubout qui revendique deux millions de disques vendus en 40 ans de carrière, "même si on est dans le registre humoristique, il y a une barrière au-delà de laquelle on tombe dans l'injure. L'importance de cette somme de 10.000 euros est motivée par le caractère particulièrement offensant du dessin avec mon client représenté en uniforme nazi", a-t-il dit.


Carrière "bloquée" ?

M. Dubout, costume trois pièces impeccable à la barre, 57 ans, a évoqué "un blocage de sa carrière" à cause de la caricature, tant dans l'éducation nationale que dans sa vie d'artiste. "On me dit +on ne veut pas d'un nazi dans la salle de spectacle+". "Lors du rassemblement, j'étais là pour écouter et me faire un avis et pas pour participer", a expliqué M. Dubout, soulignant que son père naturel et adoptif avaient été tous deux résistants et qu'il avait épousé une étrangère.

Le caricaturiste mis en cause, Jean-Michel Renault, 63 ans, ancien de Pilote, a dit "ne pas comprendre sa présence à un tribunal". "Je relate l'actualité et je traduis ça en image. Je suis obligé de faire des raccourcis visuels, car c'est ça la caricature", a dit M. Renault. Son avocat, Me Emmanuel Riglaire, a souligné que "la décision serait dans tous les manuels du droit de la presse. Il n'y pas de neutralité dans l'humour et il n'y a pas eu d'injure". Une soixantaine de caricaturistes se sont mobilisés pour Jean-Michel Renault, réalisant chacun un dessin, qui ont été transmis au tribunal.

La procureur s'en est remis à l'appréciation du tribunal. Le jugement sera rendu le 26 avril.
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