Fayçal Mokhtari, accusé d'avoir tiré à la kalachnikov sur une discothèque de Lille en 2012 après avoir en été éconduit, faisant 2 morts et six blessés, a plaidé coupable, lundi à l'ouverture du procès aux assises du Nord.
"Coupable", a répondu en pleurant l'accusé âgé de 32 ans à la question de la présidente de la cour sur son rôle dans la fusillade du Theatro. "Je reconnais m'être présenté devant la boîte où j'avais eu une altercation avec un vigile. Je suis allé à la voiture et j'y suis retourné (au Theatro, ndlr) pour faire peur et je ne pensais pas qu'il y aurait des morts", a-t-il ajouté d'une voix chevrotante, chemise claire et crâne rasé, lui qui avait écouté prostré la lecture de l'acte d'accusation.
Djelloul Cherifi, qui conduisait la voiture le soir de la tuerie, a en revanche réfuté les faits de complicité d'assassinats qui lui sont reprochés. "Je plaide non coupable. Je ne suis pas responsable de ses actes", a dit M. Cherifi. Les deux hommes s'étaient connus huit mois avant les faits.
Deux morts et six blessés graves
Dans la nuit du samedi au dimanche 1er juillet 2012, Mokhtari, un homme originaire de Tourcoing au casier judiciaire bien rempli, est refoulé d'une boîte de nuit où il s'était présenté alcoolisé avec Djelloul Cherifi. Il profère des menaces.Selon l'accusation, les deux hommes retournent à leur voiture, dans le coffre de laquelle se trouve une kalachnikov, puis s'arrêtent devant la façade de l'établissement. M. Mokhtari descend alors de la Citroën et ouvre le feu pendant une trentaine de secondes sur cette discothèque prisée des amateurs de Rn'B, où dansaient 300 personnes.
Les balles tuent une employée de 25 ans, Sabrina Vasseur, une esthéticienne qui tenait le vestiaire pour arrondir ses fins de mois, et Hamza Belaïdi, un Algérien de 26 ans travaillant pour un bailleur social. Six autres personnes sont blessées, au tibia, au pied, au mollet et au dos.
Père de famille
Selon les conclusions de la présidente après l'enquête de personnalité dévoilée lundi, Mokhtari a connu "une enfance normale au sein d'une famille nombreuse avec une éducation stricte et des principes", marquée ensuite par "une scolarité pas aboutie" et différents petits boulots. Mokhtari, qui a huit frères et soeurs, a révélé lundi être le père de cinq enfants, dont deux nés lors de sa détention.Mis en examen pour assassinats, tentatives d'assassinats et détention d'armes, le tireur encourt la réclusion à perpétuité, tout comme Cherifi. Le procès, où figurent de nombreuses parties civiles, doit se tenir jusqu'au 6 décembre à Douai.